En 2010, Fatih Akin nous avait offert l'une des comédies les plus réjouissantes de l'année avec Soul Kitchen. Il nous revient aujourd'hui avec ce drame ayant pour toile de fond le génocide arménien par les turques en 1915. Malheureusement, à vouloir trop en faire, il passe complètement à côté de son sujet. L'histoire est pourtant forte et édifiante. Elle aurait eu besoin d'une mise en scène grandiose, si ce n'est virtuose, pour peindre la grande fresque que nous étions en droit d'attendre et pas cet académisme de carton pâte. On a beaucoup de mal à s'attacher au personnage principal, pourtant pas si mal interprété par Tahar Rahim dans un rôle quasi muet. Il lui arrive tous les malheurs du monde (et bien plus encore) mais on a du mal à ressentir un semblant de compassion ou d'empathie pour lui. L'ensemble est un brin trop manichéen et manque cruellement de puissance, de souffle épique et surtout d'émotion, qui ne pointera le bout de son nez qu'à la toute fin. Trop tard donc. Le réalisateur allemand d'origine turque, quitte l'Allemagne contemporaine pour quelque chose de certainement très sincère mais qui ne décolle jamais. C'est vraiment dommage car il y avait matière pour faire un grand film. A l'arrivée, on y croit pas une minute et on s'ennuie beaucoup. Et on ne fait qu'espérer que le calvaire de ce pauvre homme s'arrête très vite et le notre avec lui...