Clough était un sacré personnage en son temps et The Damned United parvient sans problème à nous en délivrer un portrait de bonne facture.
On est plongé dans les années 70 et son football, lorsque les hommes sur le terrain étaient de vrais hommes et ne passaient pas leur temps à se rouler par terre ou à insulter l'arbitre. Michael Sheen délivre une excellente performance en tant que Brian Clough qui nous est présenté comme un individu complexe, charismatique et plein d'esprit ce qui le rend immédiatement sympathique à ceux qui n'ont pas une grande connaissance ni de l'homme, ni du football.
Sheen parvient donc à incarner avec justesse un homme aux multiples facettes, à la fois arrogant, borné, distant, amer mais fichtrement intelligent bien que bourré de défauts et qui a su devenir une légende du football anglais. Rendez-vous compte que ce manager a non seulement fait gagner le championnat à Derby County, mais comme si ce n'était pas un exploit assez retentissant, il a gagné deux fois d'affilée l'ancêtre de la Ligue de Champions avec Nottingham Forrest !! Aucun autre entraîneur n'a fait mieux en Angleterre, pas même Sir Alex Ferguson.
Pour revenir au jeu de l'acteur, il réussit à entrer dans la peau de Clough, de ses mimiques à sa façon de parler, Sheen est Brian Clough. Plus encore, sa performance et un scénario bien ficelé permettent de faire ce qui n'est pas qu'un film sur le foot de plus, mais un bon film sur un homme au caractère bien trempé qui lutte entre jalousie, amertume et ambitions démesurées et ses effets.
Le script écrit par Morgan est à la fois spirituel et plein d'humour, et la réalisation de Hooper nous emmène avec une certaine facilité dans la Grande-Bretagne des années 60-70.
On regrettera toutefois que le film ne s'attarde pas davantage sur les personnages secondaires, en particulier son adjoint de toujours Peter Taylor et les joueurs de Leeds United. Ils nous sont montrés comme les 'enfants' de Revie et rien d'autre, c'est dommage.
Ceci étant dit, le film reste très divertissant et il n'est nul besoin d'apprécier le football ou même de connaître un minimum le bonhomme pour prendre du plaisir à regarder les tacles assassins de Bremmer et écouter la répartie aiguisée de Clough.