Ce sujet oppressant attisait chez moi curiosité et appréhension, mais me laissait avec une inquiétude : comment réussir à faire durer ce synopsis pendant 1h15 ? La réponse est simple : ce film n’y réussit pas. D’ailleurs, il ne réussit à rien.
Après tout, comment réussir, puisqu’il n’y a, justement, rien dans ce film ? On dirait qu’on essaie d’étaler une cuillère à café de confiture sur une baguette entière : l’histoire aurait pu tenir en un quart d’heure, vingt minutes pour être généreuse. Et pourtant, j’ai plutôt bien aimé 127 heures, c’est dire s’il n’est pas nécessaire de me coller un scénario épais comme celui de GTAV pour me contenter.
Dès les premières minutes du film, ça pèche déjà : cadre maladroit, réalisation sans personnalité, jeu d’acteur proche du néant. On sent déjà la purge se préparer en coulisses. Mais peu importe, on n’est sans doute pas venu pour la forme : à partir du moment où la nana se retrouvera coincée sous la glace, ça ne peut aller qu’en s’améliorant, n’est-ce pas ?
Que nenni ! A partir de là, tout ne sera qu’une traversée du désert de l’ennui. Préparez-vous à passer l’heure à venir à regarder une nana faire du sur-place dans l’eau. C’est tout. Bon, d’accord, j’exagère un chouia, et pour être honnête, je crois que j’aurais préféré qu’il n’y ait rien d’autre. Parce que attention, je vous le donne dans le mille : le scénario !
Je vais vous en faire part ici pour vous éviter d’avoir à endurer le film pour le découvrir. Si, vraiment, vous tenez à vous faire du mal, sautez les cinq paragraphes suivants (que j’ai généreusement numérotés pour que vous puissiez mieux les identifier, j’ai résolu de ne pas utiliser de balises) :
1) Comme dans 127 heures, vu qu’il faut tuer le temps, on va faire des flash-backs. Mais attention, on va faire des mauvais flash-backs, et totalement invraisemblables. Et notamment, on va vous expliquer que la nana sous la glace et le psychopathe qui l’a foutue là sont en fait mari et femme (Tatatataaaa, TATATATAAAAAM), spécialistes de la plongée sous la glace. Bon, jusque-là, tout va bi… tout est encore vaguement crédible.
2) Sauf que. Sauf qu’un beau jour, Madame surprend Monsieur en train d’essayer de noyer une de ses élèves dans la piscine. Monsieur s’interrompt en la voyant, Madame a l’air un peu inquiète mais apparemment, pas outre mesure. Elle doit juste se dire que son mari fait des blagues de mauvais goût. Suite à ça la nana qu’il a essayé de noyer disparaît. Quelle coïncidence malvenue. Mais c’est pas grave hein. D’ailleurs, ça arrive tout le temps ce genre de hasard, puisque toutes les élèves de Monsieur se mettent à disparaître les unes après les autres. Comme quoi…
3) Là tu sens quand même que Madame commence à se poser quelques questions. D’ailleurs elle a pas l’air hyper sereine quand Monsieur emmène leur gamine de 8 ans faire de la plongée. En plus, elle se rend compte que la gosse elle a fait un dessin où papa il est méchant, et qu’elle a collectionné tous les avis de recherche des nanas disparues. Comme quoi même un marmot est moins long à la détente que Madame. Ah ben tiens, ça tombe mal, Monsieur ramène la môme à moitié noyée et dans le coma. Pour le coup, Madame est perturbée.
4) Bon, à ce moment-là on est en été. On le voit à la lumière, le cadre, toussa. L’héroïne a enfin fini par se rendre à l’évidence que son mari est un serial killer et qu’il a essayé de tuer leur propre fille, alors on m’explique pourquoi en plein hiver, donc facilement six mois plus tard, elle est toujours avec son mari l’air de rien à attendre de se faire noyer à son tour ?
5) Bien sûr, à la fin elle s’en sort hein, mais pas tout à fait puisqu’elle y laisse un doigt hein, mais ça va quand même parce qu’elle n’en perd qu’un histoire de hein (je crois que c’est celui avec l’alliance en plus, le symbole de OUF), et puis sa mère que le mari a essayé de tuer s’en sort aussi hein, d’ailleurs le mari il prend super cher hein, et puis l’héroïne et sa mère elles vont à l’hôpital voir la gamine hein. Oula. Stop. A ce moment précis, où j’hésite encore à me montrer magnanime et à accorder un 2 à ce film, je prends cette résolution essentielle : « Si la gamine se réveille maintenant, je mets 1 ». Sans commentaire.
Voilà, pour résumer, le scénario c’est ce qu’on obtient quand notre instinct de préservation et notre sens moral sont tous les deux égaux à zéro. Et tout cela, naturellement, servi par une réalisation à la hauteur du scénario ! En fait, hormis la scène d’intro, je crois que l’INTEGRALITE du film est en slow-mo. Je n’ai jamais rien vu d’aussi irritant. Et puis le réal' t’explique avoir voulu faire un travail sur le silence, et effectivement il n’y a aucun dialogue… mais il y a une PUTAIN de musique faussement pompeuse, lourde à souhaits et intensément répétitive qui t’es collée sur TOUT LE FILM (quand je pense que le film s’ouvre sur la citation « Silence is the most powerful scream », je suis ultra-LOL).
Du coup, je consacre à cette critique - vous l'aurez remarqué - à peu près autant d’efforts que le réalisateur à son film, et je vous abandonne cordialement sur cette citation de The Dark Below :
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