L'Ange Noir
Reprenant là où Begins s'arrêtait, The Dark Knight nous replonge dans un Gotham avide, rongé de l'intérieur, toujours en proie à la criminalité et la corruption malgré les événements passés, mais...
le 1 nov. 2014
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The Dark Knight est mon film préféré. Tout simplement. Je ne voyais pas d’autre manière de commencer ma critique qu’en le disant franchement, clairement : Dark Knight est le film que j’aime le plus. En tout cas, celui que j’admire le plus.
J’ai fait un bon tas de critiques de Dark Knight (j’en avais déjà posté une sur Allociné à l’époque), et jamais je n’arrivais à rendre hommage à ce film. Et je ne pense pas que j’y arriverai encore cette fois-ci. Sans doute, me faudra-t-il encore de nombreuses années avant d’être capable d’analyser et de dire par écrit les raisons qui font que The Dark Knight est mon film préféré. Au moins, je vais essayer.
Je commencerai par dire qu’avant d’avoir vu The Dark Knight a l’âge de onze ans, je n’aimais pas Batman. Marqué par le Batman et Robin de Schumacher assez jeune, j’avais une image de Batman assez erronée. On pourra donc dire que Batman et Robin m’aura fait bouder le caped crusader pendant des années.
Cependant, lorsque je suis tombé sur ce film, je n’étais même pas sûr qu’il s’agissait d’un film Batman. Je veux dire… le titre n’était pas « Batman », j’étais donc perdu. « Dark Knight » ? ça veut dire quoi ces conneries ? Et puis j’ai vu le film. Et a onze ans… j’ai pas compris grand-chose. J’avais face à un moi, une œuvre spectaculaire, épique et visiblement complexe et j’étais encore trop jeune pour comprendre l’étendue de ce chef d’œuvre (et puis j’avais même pas vu le film précédent qu’est Batman Begins). Très vite, Dark Knight s’est imposé comme le film qui allait mettre un point final à ma cinéphilie (après Terminator et Spiderman). Dark Knight a été sans doute le premier film qui m’a fait réfléchir. Réfléchir aux thématiques qu’il aborde, réfléchir à son scénario et sa complexité, réfléchir par rapport au personnage de Joker. Bref, j’ai pris beaucoup de temps à comprendre Dark Knight et encore aujourd’hui, après un énième visionnage, je ne capte pas tous les détails. Et à force d’y réfléchir, une chose était devenue évidente pour moi : « The Dark Knight a changé ma vision du cinéma ». Rien que ça.
Alors voilà sans doute pourquoi, j’aime tant ce film.
Maintenant, je vais essayer de rendre hommage au génie de Nolan et dire concrètement et objectivement, pourquoi Dark Knight est un chef d’œuvre. Alors oui, vu de là, je ressemble à cet énième fan boy aveuglé par un amour m’empêchant de discerner un défaut à ce film, mais je ne manquerai pas de relever quelques défauts histoire de prouver que je ne suis pas ce fan boy aveuglé.
Tout d’abord, il est important de dire que ce film a beaucoup apporté au personnage de Batman. Si Batman Begins offrait une vision réaliste du héros, c’est avec ce film qu’il trouve le juste équilibre entre film politique, thriller et pur film d’action jouissif. Et c’est un mélange qui offre à Batman un nouveau souffle, une maturité comme on a rarement vu. Ici, le film ne s’attarde plus sur les motivations qui ont poussés Bruce Wayne à endosser le rôle de Batman mais les conséquences que cela apporte sur sa vie, ses proches et sur toute la ville de Gotham.
Il apporte également son lot de réflexion sur la justice qu’impose Batman et son message. L’objectif de Bruce Wayne est de donner un message d’espoir aux Gothamiens afin qu’eux aussi, s’investissent contre la pègre. Il y d’abord ceux qui voient dans le message de Batman, un appel aux armes comme le prouve la scène du Scarecrow où plusieurs Batman tirent sur les bandits (jusqu’à l’apparition absolument jouissive de Batman). Mais il y aussi des personnages comme Harvey Dent, qui affrontent la pègre à visage découvert. Dent, qui sera sûrement, l’allié le plus important que Batman n’ait jamais connu. Si Batman représente une justice impartiale et sombre, une justice au-dessus de la loi (ce qui déplaît à pas mal de policiers), Dent lui représente la face lumineuse de la justice. Celle qui respecte les lois tout en étant efficace (exemple, lorsque Dent utilise la loi RICO, lorsqu’un fond commun entre bandits est fait, il suffit d’un seul bandit inculpé pour accuser tout le reste). Cependant, et c’est là tout le génie du film, cette justice, bien que lumineuse (le chevalier blanc de Gotham) a sa part sombre. Dent, bien que tout gentil, laisse penser qu’il est capable de tuer quelqu’un à pile ou face (on comprend plus tard, que ce n’est qu’une manipulation, les deux côtés de la pièces sont identiques). Mais une fois que Two-Face prend le dessus sur Harvey Dent dans un climax des plus incroyables (j’y reviendrai), celui-ci offre une vision bien plus cruelle mais vraie de la justice : le hasard. Au final, peu importe d’arrêter tout ces criminels s’ils seront libérés le lendemain à cause de la corruption. Pour Dent, la seule issue, c’est la chance, la seule justice impartiale et juste dans ce monde de folie.
Folie.
C’est aussi le mot qui revient lorsque je pense à The Dark Knight. Impossible d'oublier l’interprétation quasi-miraculeuse de Heath Ledger en Joker qui signe là : la meilleure prestation de l’histoire du cinéma. Il faut dire, le gars s’est quand même enfermé dans une chambre d’hôtel pendant des semaines (un mois même je crois), pour ne faire qu’un avec son personnage. On ne voit pas Heath Ledger à l’écran, on voit le Joker. Ajoutez à cela une multitude de scènes improvisées où Ledger laisse sa folie l’emporter (la scène de l’hôpital, son tic avec sa langue ou encore lorsqu’il applaudit Jim Gordon). Ce qu’il y a de terrifiant avec ce Joker, c’est qu’il n’offre aucun repère. Il n’a aucune règle, il est imprévisible, n’a ni passé, ni proche, ni nom, ni rien. Ce Joker, c’est le néant, c’est le chaos dans tous ce qu’il y a de plus réaliste, et c’est pour ça qu’il est marquant. Là où la caractérisation d'un personnage se fait par les attributs qu'on lui donne, ce qui permet de s'attacher à lui, il n'en est rien pour ce Joker. On ne sait rien de lui, c'est le flou total, c'est l'anti-personnage.
Beaucoup diront d’ailleurs que Heath Ledger vole la vedette à Christian Bale dans le rôle de Batman, et bien c’est faux ! Le Joker, bien que mémorable, n’apparaît pas tant que ça à l’écran. Il me semble qu’on le voit moins que Harvey Dent voir même Jim Gordon. Et pour le coup, Christian Bale est vraiment la tête d’affiche. Rarement dans un film Batman, le héros aura été aussi charismatique et imposant. Repensez à sa première apparition face à Scarecrow, ça vend du rêve. Ou encore tout la séquence à Hong Kong (et pour le coup, le Joker y est totalement absent), où Batman plane au milieu de buildings. C’est énorme ! Sans compter que l’écriture du personnage elle aussi est splendide (en fait, c’est le cas pour presque tous les personnages, et retenez bien le « presque »). Il faut saluer l’écriture de Batman au niveau de sa romance. Pour une fois, on a droit à une relation amoureuse qui tient la route, et qui ne dure pas qu’un seul film (contrairement aux films de Burton et Schumacher). Ici, Rachel Daws et le seul et unique amour de Bruce Wayne et Nolan en profite pour torturer son personnage.
Parce que Rachel Daws meurt ! Et comment mieux démontrer qu’en incarnant Batman, Bruce Wayne subit des conséquences et doit faire des sacrifices. Les agissements de Batman ont mis la pègre dans une situation désespérée laissant la place au Joker pour libérer sa folie destructrice. Et c’est la folie du Joker qui a tué Rachel, cette folie qui n’aurait jamais eu lieu si Batman n’avait pas agis ! Rachel Daws est morte à cause de Batman et c’est ce fardeau qui sera sûrement le plus dur à porter pour Bruce Wayne.
Car, certes, Batman n’a pas de limite, mais Bruce Wayne, lui en a. Bruce Wayne, qui sera dévasté par la mort de Rachel (qui aura aussi pour conséquence la transformation de Dent en Two-Face). Bruce Wayne dont le corps mutilé nous est exposé dès les quinze premières minutes du film. Bruce Wayne qui doit affronter sa part de folie pour ne pas déroger à sa règle d’or, ne pas tuer ! Ne pas tuer le Joker ! Et cette relation entre Batman et le Joker si bien résumée à la fin du film par cette réplique du Joker :
« Tu refuses de me tuer par pure éthique, tandis que moi, je refuse de te tuer, car tu m’amuses ».
Et ce final d’une splendeur atomique. Cette splendeur qui met un point final à la chute de Batman. Car oui, tous ce que montre Dark Knight, c’est la chute de Batman qui devra s’exiler. Batman a fait des sacrifices, il a enduré mille malheurs, et désormais, le voilà détruit mentalement et physiquement, laissant la lourde tâche à Jim Gordon de conserver la paix à Gotham. Et c’est ce final qui dit également que le mensonge, vaut parfois mieux que la vérité, si c’est pour maintenir un peuple dans le droit chemin et dans la paix. C’est ce final, qui se veut optimiste, lorsque les Gothamiens refusent de s’entretuer sous l’ordre du Joker (qui menace de faire exploser des bateaux). Merde, ce final est parfait !
Et là encore, je ne fait que parler de l’écriture de ce film parce que tout le reste est parfait ! Tous les acteurs sont excellents, il n’y en a pas un qui fait tâche ! Les scènes d’actions sont spectaculaires. Ils ont carrément fait exploser un hôpital, et y en a encore qui se demandent où est passé le budget du film ! ILS ONT FAIT EXPLOSER UN HÔPITAL, POUR CE FILM !!! La scène de combat en Batmobile et Batmoto au milieu du film avec le légendaire « Hit Me », bien que fait avec des maquettes est tout bonnement spectaculaire. Les scènes de combat au corps à corps sont rythmées, parfaitement filmées et épiques.
La musique, parce que parlons-en de la musique, est incroyable ! Que ce soit le thème du Joker avec ce long bruit aigüe et strident qui donne un sentiment d’étrangeté. Le thème de Batman avec ces violons qui rendent tout ça héroïque. Le rythme effréné de la musique qui donne un sentiment de compte à rebours pendant toute la dernière heure du film. Je vous jure, dans les trente dernières minutes du film, la musique est à son summum (et dans les dix dernières minutes, c’est l’apothéose ultime, avec le thème déchirant de Harvey Dent à bout, ou le thème final accompagné de cette réplique « il n’est pas le héros dont Gotham a besoin, mais le héros que Gotham mérite »). Hans Zimmer et James Newton Howard sont des génies !
Nolan est un génie ! Hans Zimmer est un génie ! Heath Ledger est un génie ! David S Goyer (scénariste) est un génie ! Tout l’équipe du film était menée par des génies qui ont fait de ce film, le plus grand film de tous les temps !
Et je m’arrête un instant pour vous dire quelques défauts. Tout d’abord, le personnage de Ramirez, une policière de l’équipe de Gordon. Qui a une incidence assez importante à la fin (sous la menace de Dent, elle trahit Gordon) avec un prétexte sous exploité. Sa mère est à l’hôpital, on nous l’a dit au tout début du film, et on nous rappelle ça deux heures après. En l’occurrence, c’est un personnage maladroitement écrit, mais bon, c’est un personnage tertiaire qui a droit à quelques lignes de dialogue. Et aussi le fait que le scénario soit parfois trop complexe. A la fin, Jim Gordon dit que Dent a tué cinq personnes dont deux flics. Sauf que moi, je compte que trois morts dont un flic (le flic dans son bar, mais il y aussi Maronie et son chauffeur, c’est les seuls que j’ai en tête et il ne me semble pas que Dent tue Ramirez).
Mais à part ça… j’ai vraiment rien à redire sur ce film. Pour moi, c’est clair et net : The Dark Knight, est le plus grand film que j’ai vu de ma vie. Clairement, ce sera très dur pour moi de trouver un film qui me fasse autant vibrer, qui me captive autant et qui m’apprenne autant de choses sur le cinéma que The Dark Knight.
The Dark Knight est mon film préféré. Et c’était le film dont Batman avait besoin. Le film qu’il fallait pour qu’il soit une nouvelle fois sur le devant de la scène. The Dark Knight était le film dont Batman avait besoin, le film que Batman méritait, et Batman l’a eu ce film.
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le 18 août 2017
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