Après le duel, le dilemme. (Attention spoil)

Depuis que je suis tout petit Batman me fascine. Jeune je le voyais spectaculaire, droit et bon comme tout super héros. Plus tard, j'ai commencé à découvrir tout l'ambiguïté de ce rare super-héros sans super-pouvoir.

Batman vit dans Gotham City. La ville la plus crade du monde sans doute. Le légendaire Bruce Wayne porte le fardeaux de la chauve souris. Il n'en veut plus de ce costume. Il préférerait vivre comme tout le monde. Seulement la ville pourrie a besoin d'un héros. Quand Harvey Dent arrive avec sa campagne de liquidation de la pègre, Batman voit en lui l'ange blanc que tous les citoyens réclament. Il va tout faire pour l'aider à liquider la ville de la vermine. Mais c'était sans compter sur le Joker...
Voilà déjà une histoire classique mais efficace.

Sur cette base, Nolan va dépeindre de façon merveilleuse tout l'univers de Batman. Il va décrire des personnages tous ambigus. Batman ni à l'aise en super-héros ni en dandy mondain et qu'un seul homme peut comprendre : Alfred son serviteur. On pourra reproché à Christian Bale son interprétation un peu platonique. Le Joker quand à lui tient le haut du pavé. Heath Ledger (paie à son âme) incarne parfaitement la folie. Ce méchant complètement barré tient tout autant du héros que Batman. Il a bien compris que viser Batman, c'est se tromper de cible. Ce que veut le Joker, c'est le chaos. Pour cela, il vise Dent et touche. Les personnages secondaires quand à eux sont tous bien interprétés et on tous un rôle utile pour nos chouchou principaux. Alfred, Rachel, Gordon, ... tous trouveront leur juste place dans ce très long métrage de 2h30.

Mais ce Dark Knight ne s'arrête pas là. Le film joue tout du long sur des choix. Comme le dit si bien le Joker : "Tuer c'est choisir." Tout est basé la dessus. Le Joker n'a pas de plan comme il dit. Mais à la place il créé toujours des situations à dilemme ou aucun choix n'est possible. Toute la folie est là. Batman doit-il céder au Joker et révéler son identité pour sauver Gotham ? Quand son ennemi juré lui annonce qu'il ne peut sauver qu'un seul de ses amis entre Rachel et Harvey, qui va-t-il choisir ? Quand les deux bateaux son pris au piège avec le détonateur de l'autre. Qui fera le premier pas entre les prisonniers et les civils pour sauver leur vie, qui choisira de tuer l'autre pour se sauver ?

Enfin, ce Batman est dotant plus formidable que le Joker gagne. Il transforme le chevalier blanc Harvey Dent en Double-Face et donc détruit l'espoir de Gotham. Ce "Méchant" est l'incarnation parfaite du dilemme et des choix impossibles à faire par les protagonistes. Brûlé sur la moitié du visage et remettant à sa pièce fétiche tous ses choix il poursuit le dessin du Joker.

Batman serait donc le film de super héros parfait ? Eh bien non. Il a ses faiblesses comme tout super héros qui se respecte. Surtout que le point noir du titre est de taille : il ne respecte pas l'histoire même de Batman. Bref rappel pour les incultes : Bruce Wayne devient le justicier noir à la suite de l'assassinat de ses parents par Le Joker lui même justement ! Comment est-il possible que ce même Batman, aujourd'hui, ne se souvienne pas du meurtrier ?! De même pour Harvey Dent qui normalement se retrouve défiguré lors du procès de Maronni (le baron de la pègre de Gotham). Ici il se retrouve brûlé lors d'une explosion. Dans l'Histoire de Batman avec un grand H, Nolan ne respecte plus grand chose. Certes cela n'est pas si grave et le film se suffit tout à fait à lui même, mais pour les puristes plusieurs détails font tache.

Pour conclure on peut rajouter que visuellement le film est une perle. Gotham est sale, sordide, pourrie par la corruption. Les tons sombres de la nuit sont merveilleusement retranscris par la camera Imax. Les scènes d'actions sont magistrales et bien écrites/chorégraphiées. En lui même, le film est parfaitement cohérent. Et l'ambiance est très fidèle au Batman originel : sombre et sans concession.