Why so serious?

Les films de super-héros sont devenus une mode depuis quelques années. Avec le lancement des deux univers cinématographiques de Marvel et de DC, ils envahissent nos écrans de bonne et de mauvaise manière selon les films et surtout selon les avis des fans. J'avoue ne pas avoir énormément de culture en matière de comics, je connais les grandes lignes des deux grandes filières. Cette critique porte donc sur ce que le film propose, pas ce que le comics peut nous montrer. Bon, on va pas se mentir, on tient le graal dans le domaine non ? J'ai vu beaucoup de film de super-héros et franchement, The Dark Knight est incontestablement le plus grand film du genre de tous les temps. Ce n'est que mon avis. Mais je vais vous montrer pourquoi ce film est une merveille à tous les niveaux.

Pour commencer, revenons sur l'introduction de ce film : on a l'impression de voir un mini film de gangster en seulement 4 minutes. C'est une des meilleures scènes d'introduction de l'histoire du cinéma. Le spectateur est constamment en questionnement concernant la place du Joker dans cette séquence. On sait qu'il est là quelque part, caché parmi ses malfrats. D'entrée de jeu le film nous offre une séquence sombre et violente, remarquablement mise en scène. Il n'a fallu que 4 minutes à ce film pour arriver à me prendre aux tripes comme jamais aucun film du genre. 4 minutes... Et cette scène introduit l'ennemi emblématique du chevalier noir, et dès sa première apparition, on sait qu'il n'est pas là pour faire de la figuration.

La construction narrative du film est une prise de risque continuelle. Aucun personnage n'est épargné par la folie destructrice du Joker. Batman souffre autant que Bruce Wayne et inversement. Ce personnage ne fait pas du mal, il est le mal, il incarne le chaos. D'ailleurs à plusieurs reprises dans le film, le Joker explique que son but n'est pas de faire du mal mais de faire régner la peur parce que la peur est le plus grand des maux. Il y parvient de manière remarquable et la construction narrative du film sert le rôle du Joker. Il devient de plus en plus puissant et lorsqu'on le pense vraiment fini, il parvient à remporter la partie. Car oui, Batman ne remporte pas cet affrontement : il perd des proches, il perd son identité, son âme. Le Joker remporte cette partie.

La prise de risque est grande dans le film : peu de film du genre ose mettre le héros dans cette situation même s'il en existe, je suis bien d'accord. Mais mettre à ce point en difficulté la figure héroïque, c'est un risque qui aurait pu faire que le film se casse la gueule violemment mais la force du film réside dans la complexité du personnage de Batman. Il n'est pas un héros, c'est un chevalier noir, il ne veut pas avoir la reconnaissance, ce n'est pas son rôle. Durant tout le film, Batman doit faire des choix qui le plonge un peu plus dans la noirceur qu'il incarne aux yeux de tous. Il est un justicier, pas un héros, le héros c'est Harvey Dent. C'est lui le vrai héros de l'histoire, celui qui est sous le feu des projecteurs, c'est celui qu'il faut abattre.

Depuis le premier volet de la saga, le personnage de Batman vit une descente aux enfers : plus il se rapproche de Batman, plus il s'éloigne de Bruce Wayne, au dépourvu de sa vie, de Rachel, d'Alfred ou bien de son entreprise. Le film est un questionnement sur le fait d'être un héros : Faut-il tout sacrifier pour être le sauveur d'une ville rempli de vice ou bien laisser la noirceur d'un personnage comme le Joker détruire Gotham. Pour moi, à la fin du film, Gotham est encore plus à plaindre qu'au début, même si la police est parvenue à faire régner la paix dans les rues, les pertes sont beaucoup trop massives.

La mise en scène est impressionnante pour un film de ce genre. Là où les fonds verts sont très souvent utilisés, Nolan préfère choisir les effets mécaniques comme pour la scène du camion ou bien la scène d'introduction. L'important est d'inclure une réalité dans cette fiction par l'intermédiaire de la mise en scène. Et la plupart des scènes donnent cet aspect réaliste que personnellement je trouve très important pour ce genre de film. Les super-héros occupent une place importante dans la pop culture et donner un aspect réaliste à ces derniers permet de s'identifier de manière plus simple à ces héros.

Le casting occupe une part très importante dans la réussite du film. Notamment la performance d'
Heath Ledger qui joue un joker bien différent des comics. Son joker incarne le chaos, la peur qui est en chacun de nous. Il est bien plus qu'un simple ennemi, il est l'opposé de Batman, celui qui le mènera à sa perte. Il y a un affrontement psychologique et un affrontement physique entre les deux personnages. Certaines scènes sont vraiment dures physiquement même s’il n'y a pas de violence abusive, ce qui est un point positif du film. La violence est incarnée par le Joker, il en est le maximum dans le film, il n'y a pas besoin de plus pour le film. Le reste du casting est toujours aussi bon. Christian Bale incarne un Batman sombre, le plus sombre que l'on est pu voir au cinéma. Aaron Eckart incarne le chevalier blanc de Gotham, la face lumineuse des forces de l'ordre avec une classe digne des plus grands.

The Dark Knight est un coup de génie. Une parenthèse dans le genre super-héroïque qui inonde le marché depuis un bon moment maintenant. Encore aujourd'hui, ce film est considéré par beaucoup comme le plus grand du genre et pourtant, c'est le film qui s'éloigne le plus du film de super-héros par son côté sombre, sa mise en scène, ses personnages. Christopher Nolan a réussi à donner à DC Comics une longueur d'avance sur Marvel que depuis ils ont perdu malheureusement. En espérant que la Warner relance le DCU en se basant sur ce film pour enfin concurrencer dignement Marvel. The Dark Knight : une fable héroïque sombre et violente.