Le meilleur batman (Spoilers inside)
Et non, je ne suis pas une référence. En revanche, je suis un fan total de Nolan et de Batman. Du coup, quand Nolan fait un Batman, je suis aux anges. Et non, je ne cherche pas à parler du film, personne ne le peut d'ailleurs. Donc j'essaierai au maximum de ne pas dire ce que le film est ou n'est pas ou comment il est ou non, parce que, après tout, j'en sais rien.
Ce que je sais c'est que j'ai trouvé du fond et du divertissement dans ce film. J'ai trouvé un traitement des personnages qui m'a absolument renversé. J'ai adoré de bout en bout ce film et je regrette simplement qu'il n'existe pas sur ce site une option supplémentaire de notation pour montrer à quel point cet objet culturel est exceptionnel à mes yeux.
Je n'ai pas apprécié la mort de Miranda Tate ni la cascade de Blake sur le pont qui explose. Et c'est tout. J'ai encore beaucoup de mal à me remettre de la dédramatisation du personnage de Bane à la fin du film, bien que j'ai de plus en plus tendance à l'apprécier et à la trouver juste et adaptée à un épilogue.
Tout ce que j'ai en tête, après l'avoir vu en IMAX, c'est un rêve vécu en une seule fois. L'impression d'avoir assisté à un film de guerre, remontant aux fondements de cette dernière. Le joker, puisqu'il faut bien parler de lui, était un chien fou attaquant, à la manière d'une guérilla, certains endroits stratégiques de Gotham, mais rien de plus. Un trublion anarchique et désorganisé. Le Joker passe son temps à se justifier, suivant la trame de Killing Joke, pour prouver que la folie est la normalité. Mais la guerre de TDKR, c'est autre chose, c'est Bane.
C'est un personnage manifestant une force de conviction sans pareil, infaillible, inébranlable, il est cet objet inamovible sur lequel la folie du Joker vient se détruire. Bane est un leader, dictateur, criminel et seigneur de guerre. C'est un orateur charismatique et radical, n'étant rien d'autre que ses croyances. Et à mon avis, ça fait toute la différence. On ne prend pas deux ferrys en otage, on ne brûle pas une montagne de billets. On prend Gotham en otage et on détruit tous les symboles de richesse. Bane est un planificateur, l'exact opposé de Batman.
Il y a le contraire et le contradictoire. Bane est le contraire de Batman mais le Joker en est son simple contradictoire. Je n'ai jamais vraiment cru à l'opposition entre Batman et le Joker. Ce dernier n'est à mes yeux qu'un point irréductible sur lequel Batman butte. En revanche, Bane est du même bois que le Batman à son apogée, il est le seul qui, dans les comics, est capable de succéder à Raa's al Ghul. Bane constitue, à mon sens, un meilleur contraste et donc nécessairement un meilleur éclairage du rôle de Batman. Et Tom Hardy possède ce rôle incroyablement bien, jusqu'à consister, à mes yeux, un méchant bien plus terrifiant, dense et palpable que le Joker, trop évanescent, éphémère et anonyme.
Ce film a autant de défauts que les autres films de Nolan, une sécheresse narrative qui peut surprendre ceux habitués à recevoir la becquée, un scénario présent et concrétisé sur plusieurs étages, et des dialogues explicatifs qui peuvent être trouvés longs. Mais ce sont des défauts qui se présentent, à mes yeux, comme des qualités.
Bref, je sors de chaque séance de TDKR avec un sentiment d'étrangeté, comprenant que mon esprit s'était habitué pendant 4 ans à la singularité de The Dark Knight et oubliant que chaque film de cette trilogie devenue culte (et prenant la place de meilleure trilogie dans mon coeur, ainsi que de meilleur film pour ce dernier opus), constitue à lui seul à une rampe de lancement pour un nouveau genre.
Je n'ai pas encore totalement digéré TDKR, et je crois que ça prendra du temps, mais je sais ce que j'ai vu, je n'ai pas biglé, et j'ai trouvé ça exceptionnellement excellent. J'attends avec impatience la version originale pour mettre la cerise sur un gâteau déjà monumental. C'est à dire écouter Tom Hardy en V.O.
Et puis zut, j'ai parlé du film à l'affirmatif, faut croire que je ne peux pas m'en empêcher, pourtant vu que j'ai un dégoût profond pour tous les films dits "d'auteur", il faudrait que j'évite de parler comme leurs amoureux.
Mais bon, retour à la case départ : 2, 5 ans de disette cinématographique jusqu'au prochain Nolan.