Cinq ans d'attente ont pris fin hier soir. Cinq longues années de fantasmes, de rumeurs, d'excitations et d'espoirs. L'espoir de voir Christopher Nolan mettre la touche finale à sa trilogie après un The Dark Knight frôlant la perfection, et conclure la tête haute le projet le plus ambitieux touchant à la franchise de la chauve-souris depuis des années.
Allons droit au but est-ce que ce film est le chef d'oeuvre attendu ? Non. Est-ce que c'est un mauvais navet ? Non plus. The Dark Knight Rises propose 2h40 de très grand spectacle durant lesquelles on ne s'ennuie pas une seconde. Et nul doute que si on recherche simplement un bon moment de divertissement sans prétention, on en a pour son argent.
Il y a des scènes superbes dans ce film : la première apparition de Batman est jouissive, le premier combat avec Bane est épique, le personnage de Joseph Gordon Levitt est excellent tout comme le jeu de Christian Bale (sans bouc), l'explosion du stade, le retour de l'épouvantail, la chute de Bruce Wayne, ...
Mais si on est un vrai fan du personnage, le tableau est un peu moins reluisant. Même en laissant de côté la comparaison du film avec l'univers original, il y aurait beaucoup de choses à redire sur ce dernier opus. On en peut regretter le personnage de Cotillard bâclé (et dont le manque de charisme n'est sans doute pas étranger au fait qu'elle ait joué dans Taxi), l'apparente propreté des décors de rue de Gotham soit disant livrée au chaos, le personnage de Catwoman sans réel profondeur (sans faire l'erreur de le comparer à celui de Pfeiffer car les univers n'ont rien à voir), le manque de cruauté du personnage de Bane.
Mais le vrai gros soucis dans tout ça, c'est que Nolan va à l'encontre du principe qu'il avait érigé en point d'orgue : la crédibilité. Bruce Wayne qui fait de la voltige 1 mois après avoir été grièvement blessé au dos, c'est trop gros. Le passage de la prison est indigeste. Celui de la bombe aussi. Et les nombreux flashbacks façon "Feux de l'Amour" qui parcourent le film sont une illustration parfaite de sa volonté de prendre la main du spectateur, de lui mâcher toute réflexion, de plier son scénario à une soif de happy end qui ne vexera personne. Et même si malgré tout ça, on a frôlé le génie à la fin, au lieu de conclure de façon magistrale, il ne peut pas s'empêcher de laisser la porte ouverte pour une suite, démontrant par la même occasion un manque de courage évident.
La vérité c'est qu'on attendait plus. Nolan avait fait le plus dur, il avait fait plier les studios à son univers, sa vision, sa volonté et le succès des précédents films lui donnait carte blanche pour réaliser tous ses fantasmes. Il n'a pas été au bout, il n'a pas perpétué cette noirceur qui hantait le deuxième épisode. Le précédent Dark Knight se trouve ramené de coup de génie à heureux accident et les choses reprennent leur cours normale et manichéenne. Ce n'est pas forcément mauvais, juste plus conventionnel et finalement trop attendu, trop dans la norme pour celui qui est le super-héros le plus intéressant de toute la génération Comics. Et on se prend à rêver de ce qu'aurait pu donner le troisième volet initialement prévu avec Heath Ledger...
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