Après deux tentatives passées quasi totalement inaperçues, Christopher Nolan se fend d'un premier film remarquable et remarqué (Memento) dont l'idée de structure colle à la maladie mentale du personnage principal, qu'il enchaîne avec un remake pour une fois pas grossier (Insomnia).
Un réalisateur perce.
Ses nouveaux projets bénéficient de plus de moyens et d'attentes, une franchise est intelligemment adaptée, une ou deux idées excitent l'envie (Le prestige, Inception) et suscitent un buzz bientôt planétaire.
Un réalisateur et son style s'imposent.
Les résultats sont rarement à la hauteur de l'attente (Inception, donc), les triptyques s'avèrent souvent très compliqué à achever. D'autant plus que désormais, l'atout de la nouveauté (la patte du réalisateur) se transforme lourdeur, en recette.
Un réalisateur s'établit et s'encroute.
Alors c'est sûr, tout n'est pas à jeter dans ce Batman 3, loin s'en faut.
Côté scénario, on entre de plein pied dans l'ambivalence de l'ensemble: il est presque rassérénant de voire une intrigue prendre le temps de s'installer. Rassurant de voir qu'un blockbuster puisse encore ne pas sauter directement d'une scène d'action à la suivante sans aucun soucis de cohérence. Nolan est à ce point d'équilibre rare de sa carrière ou il peut imposer au studio pour qui il travaille certains de ses choix comme l'absence louable de 3D. On ne boxe pas dans la catégorie des Transformers ou 2012. Pour autant, et comme nous allons le voir pour le point suivant, on est loin du nirvana.
Côté esthétique, Nolan possède une façon de montrer son histoire qui n'est pas désagréable. Une façon de cadrer ses véhicules en mouvement, de montrer la ville qui lui à la fois propre et agréable. Mais ici comme pour l'histoire, on sent rapidement un malaise pendant la projection de ce Dark knight rises. Les plans, tout graphique qu'ils puissent être, ne sont que des variations de ce que nous avons déjà vu. À l'image d'un méchant qui ne ressemble qu'à une pâle copie du jocker sans la consistance de celui-ci (acteur qui ne supporte pas la comparaison, background et motivation légèrement imbitable / insipide) et donc sans réel enjeu, le film tourne rapidement à vide, comme une jolie copie creuse.
Rapidement, (des la première heure ?) la terrible conclusion s'impose: l'opus 2 sera le grand moment de la saga, pour des raisons qui lui sont propres. De son côté, Nolan devra rapidement changer ses habitudes (et de compositeur pendant qu'on y est ?) pour ne pas sombrer dans une forme de routine qui confine déjà à une sorte de gâchis.