La conclusion de l'une des plus belles trilogies du cinéma et de son héros le plus proche de nous.
Huit années ont passé depuis la mort de Harvey Dent. Une mort payée au prix fort par Batman, qui s'est volontairement accusé du meurtre du procureur pour conserver l'image de chevalier blanc de Dent et continuer à susciter l'espoir à tous les habitants de Gotham. La ville n'a jamais semblé autant en paix. Mais quand un criminel dénommé Bane vient semer la pagaille avant la terreur dans la ville, Batman n'a plus d'autre choix que d'endosser pour la dernière fois son costume afin de préserver la paix de ce qu'il a toujours combattu : le mal...
Il y a quatre ans, Christopher Nolan livrait un "The Dark Knight" électrisant, véritable Joker show et adaptation ultime et unique en son genre d'un héros culte. En 2012, Le réalisateur ne réitère pas l'exploit. Mais là n'est pas l'intention. "The Dark Knight Rises", s'il est imparfait, conclue l'épopée du légendaire chevalier noir avec une classe et un amour du cinéma et du comics tout à fait remarquable. Avec TDKR, Chris Nolan apporte la conclusion qui définira une trilogie. Sa trilogie. Comme Sam Raimi il y a quelques années, Chris Nolan apporte à son édifice cinématographique une saga en trois parties, une trilogie qui avec ce troisième volet devient définitivement uniforme. À la manière du Seigneur des Anneaux, Nolan et son équipe aura redéfini un genre, une œuvre homogène, et une adaptation exemplaire. Toutes ces réussites, Nolan le doit à ses scénarios et à sa capacité à capter le trauma d'un héros que tout le monde pensait connaître depuis les brillants films de Tim Burton. En réinventant Batman, Nolan a définitivement redonner une seconde personnalité au cinéma de son héros et à son univers. La preuve d'une richesse incroyable, et de la communion entre œuvre dessinée et tournée.
Mais de tout cela, il faut bien que je parle du film en soi. Comme c'est plus drôle (et plus facile) de citer les défauts avant les avantages, procédons delà sorte. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la puissance visuelle que donne Nolan art son chef op Wally Pfister cache pourtant quelques faiblesses bien visibles. La première heure, surtout, n'est pas la plus gâtée. Le montage est parfois très aléatoire, et le rythme se voit par conséquent un peu saccadé par cette imperfection technique. En résulte une poursuite nocturne pas franchement excitante, mais en revanche soutenue par la musique toujours parfaite de Hans Zimmer. L'autre point désastreux serait ainsi Marion Cotillard. Elle interprète sans aucun doute le personnage le plus pauvre et le moins crédible de la trilogie. Complètement dans les nuages, à côté de la plaque, bref, elle n'est pa non plus aidée par le twist final du film, qui finit de démystifier un personnage culte de la bande dessinée, sans que l'on ait pu l'apprécier à sa juste valeur.
Voilà globalement les défauts du film, plus techniques que scénaristiques et donc pas les plus importants dans la mesue où ce que l'on attend avant tout d'une conclusion se trouve surtout dans contenu davantage que la forme. De ce point de vue, les Nolan n'ont pas pris de risque majeur et c'est tant mieux. L'interprétation est toujours exemplaire, Christian Bale arrivant avec son Bruce Wayne et son Batman à ne faie plus qu'un entre l'homme et le symbole, fragile et puissant à la fois, determiné et perdu. Et bien plus que pour les personnages récurrents, ce sont les nouveaux venus qui font tout le sel du film. Joseph Gordon-Levitt, charismatique et attachant, est l'un des personnages les mieux écrits de la trilogie. Et quel plaisir de voir que Mathew Modine ne fait ici pas que de la figuration ! Et puis surtout, il y a Anne Hathaway et Tom Hardy, qui sont les deux excellents surprises de cet opus. L'une, sexy en diable joue brillamment une Catwoman à la fois réaliste et fantaisiste, charmeuse et voleuse. L'autre, joue Bane (l'un de mes super vilains favoris de l'univers de Batman), un personnage brutal et cruel, et dont la personnalité n'est pas si éloignée de celle du Joker. En effet, certains sursauts de démence et de cruauté de Bane rappellent le brillant et terrifiant jeu de Heath Ledger. Les deux personnages sont, au fond, les mêmes, l'un ayant décidé de détruire Gotham par la force de l'opposition, l'autre par l'attente de l'anarchie espérée. L'un a des moyens que l'autre n'a pas pour y arriver, voilà tout. Mais toute cette violence de la part de Bane, véritablement excellent méchant, est au nom de quelque chose, ou de quelqu'un. C'est alors, que dans sa deuxième partie, le film se fait retournement sur retournement de situation, révélation sur révelation jusqu'au twist final qui prouvera définitivement que le Batman poursuivra Bruce Wayne jusqu'au bout. C'est d'ailleurs dans cette optique que le film s'impose définitivement comme le spectacle ultime de la chauve souris. En donnant une conclusion â tous les élements narratifs introduits dans "Batman Begins", Nolan boucle la boucle et impose son héros pour de bon. Si ces éléments en question plairont aux spectateurs non adeptes du comics, ils diviseront avec plaisir les fans, qui débattront avec amour et sincérité je l'espère leur vision du mythe, après avoir assisté à celle de Nolan.
Pour terminer, je vais faire une petite analyse sur la scène qui résume le film à lui tout seul. Celle de la rencontre en Batman et Bane. Techniquement inégale (le combat est trop chorégraphié, et pas toujours très lisible) mais bluffante de puissance métaphorique. Le choix en effet de ne pas avoir choisi de musique fait ressortir ce réalisme qui résume celui de la trilogie toute entière, ainsi que l'attachement que l'on a pu travailler envers le chevalier noir autant que Bruce Wayne. Car dans cette scène, tout est dit. La musique est remplacée par des coups de poings d'une brutalité sonore vraiment époustouflante, la pluie représente tout le désarroi de Bruce Wayne qui se bat sous son statut d'icône mais avec l'identité de Bruce Wayne. Les rôles s'inversent pour affronter le mal présent, un mal en la personne de Bane, qui rattrape le passé de Bruce quand il était encore dans le Ligue des Ombres. Et quand le chevalier noir finit par tomber, c'est Bruce Wayne qui est brisé. Cette scène, c'est l'aboutissement de toute une trilogie, la fusion du symbole et de l'homme, le trauma de l'impuissant façe à un adversaire plus fort que lui. Alors quand vient que le combat final tant attendu, c'est la revanche du mythe sur ce qu'il a toujours combattu. C'est le bien contre le mal aux yeux de Gotham sous leurs formes humaines. La victoire avant l'ultime sacrifice, corporel aux yeux de Gotham, symbolique aux yeux de Batman. C'est donc dans une euphorie complète que l'on assiste à la fin du chevalier noir, tout en clin d'oeil et en émotion, en espérant le meilleur pour tous les personnages qu'a pu faire vivre Nolan autant que son héros.
Au final, "The Dark Knight Rises" n'a peut être pas la jouissançe viscérale de "The Dark Knight", ni la fraîcheur de "Batman Begins", mais il a quelque chose que n'ont pas ses deux aînés : lui-même. Tout simplement.