The boring dead
Après les vampires, les morts-vivants donc. Jim Jarmusch continue à revisiter genres et mythes populaires avec sa nonchalance habituelle, mais la magie ne prend plus, soudain elle manque, soudain il...
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le 15 mai 2019
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Au vu de sa réception j'étais sceptique et verdict ? Bah... c'est... C'est une pépite.
J'ai du mal à comprendre l'accueil mitigé qu'il reçoit car... C'est un hommage et un constat sur le film de zombies depuis sa forme (celle du film, sa structure) mais également au genre et son fond au travers de son propos denonciateur.
Le rythme est lancinant et trèès lent, la mise en scène paraît toujours à côté de la plaque mais c'est justement dans cette précision sidérante de décalage que le tout prend sens ! Ça donne un aspect théâtre de l'absurde à l'action qui prend place dans une bourgade nommée "Centerville", totalement ordinaire ! L'aspect random et banal de tous les décors, personnages, pastiches d'éléments narratifs de la Série B (réduits à leur fonction jusqu'à même un cassage du 4eme mur pour nous les représenter comme acteurs et donc rouages d'une machine grincante) renforce par ailleurs le propos, qui nous dit que le genre est à bout de souffle, qu'il peine à se renouveler, se ré-inventer depuis sa forme traditionnelle.
On soulignera même le groupe de jeunes dont Selena Gomez fait parti, qui roule dans une muscle car "classique" semblable à ce qui figurerait chez Romero, tout ça pour finir sa course ici, dans un lieu vu, et revu. Même message avec cette fin
dans un cimetière qui laisse entrevoir le destin de nos héros sous couvert d'une voix off (bien que diégétique) en raisonnance avec un cinéma d'antan, moralisateur et pourtant fatidique.
(tu la sens la morale sur l'impasse du genre qui a évincé ces thématiques et ses discours ?)
Enfin le duo en tête joué par Adam Driver et Bill Muray est... Fantastique, et chaque choix de casting est pertinent tout comme le jeu d'acteur quasiment léthargique (au sens de non affecté par les événements et brillant de simplicité, pas mou ou inintéressant) en ce qu'il sert un propos quant à une sortie de retraite ou un message vis à vis des figures du passé qui refusent de mourir (Iggy Pop en mort-vivant mais qui boit du café car faut bien se requinquer, nul besoin de commenter ça) au point que l'aspect méta du film se permet des clins d'oeil plus ou moins appuyé à la carrière respective des acteurs, inscrivant le film et ses ingrédients dans une continuité. Il est conscient de ce qui l'a précédé et de ce qui va le suivre, c'est ce qui le rend d'ailleurs si attachant je trouve. J'ai pu lire que c'était "nonchalant" et ce de manière negative mais au contraire je trouve que ça marche et donne un cachet irrésistible au tout.
À la limite on peut reprocher au film de parfois trop appuyer ses lectures, à l'appui la scène où le personnage incarné par Tilda Swinson aka Zelda Winston dans le film, roule en "smart" -> littéralement "intelligent" pour eviter les morts-vivants représentatifs de la sur-consommation et d'un mode de vie qu'on sait nocif pour la planète ou encore la phrase d'un livreur "WU-ps" : "Tout est parfait, suffit d'apprécier les détails", demandant ainsi au spectateur de se pencher sur les choix de mise en scène du réalisateur qui semble en effet avoir pensé à tout.
C'est pas le summum de la subtilité par moments mais c'est efficace, cohérent et bien qu'on nous prenne par la main l'intellectualisation hyper riche de cette comédie horrifique n'est non pas son défaut comme j'ai pu le lire mais son principal atout.
Finalement, The Dead Don't Die, c'est une sorte de cadavre en putréfaction qui dépeint un genre auquel on rend hommage tout en préparant ses funérailles. À aller voir même si ça plaira pas à tout le monde car malgré tout, c'est une oeuvre d'une richesse inouïe et perso, c'est un vrai coup de coeur.
Créée
le 16 mai 2019
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