« Ringa Pakia, Uma Tiraha, Turi whatia, Hope whai ake, Waeuwae takahia kia kino, Ka mate ! Ka mate ! Ka ora ! Ka ora ! Tenei te tangata puhuruhuru, Nana nei i tiki mai, whakawhiti te ra, A hupane ! A kaupane ! A hupane ! A kaupane ! Whiti te ra ! Hi ! » Ceux qui s’intéressent au rugby auront sans doute reconnu les paroles du fameux Ka-Mate, Haka que les All Blacks néozélandais effectuent le plus souvent avant leurs matchs, yeux exorbités et toute langue dehors, sorte de rituel d’intimidation qui leur vient de leurs ancêtres maoris et de leur art martial le « mau rakau ». Bobine locale qui a été sélectionnée dans de nombreux festivals, The Dead Lands est une épopée nous contant l’affrontement entre deux tribus maories, où il sera question d’honneur, de vengeance, d’ancêtres et de mysticisme. Le film en sera-t-il réussi pour autant ? Rien n’est moins sûr…
La grande force de The Dead Lands, c’est qu’un soin tout particulier a été apporté afin de rendre l’ensemble le plus authentique possible : la mise en valeur des paysages superbes qu’offre la Nouvelle Zélande, les costumes, les armes, les provocations d’avant combat, et surtout le fait que le film soit entièrement tourné en langue maorie. Cela peut sembler anodin pour certains, mais ça ajoute clairement de la crédibilité. Personne n’a tiqué en regardant en VO la série Rome, les films Gladiator ou 300 et entendre tout ce beau monde parler anglais ? Cela ne vous semble pas étrange que, par souci de facilité, tout le monde parle la même langue dans un film impliquant théoriquement plusieurs langues différentes ? Il est vrai que pour ceux qui regardent leurs films en version française, cela n’a guère d’importance, mais pour les amoureux de versions originales, c’est parfois plus gênant. Alors saluons l’effort de Tao Frazer de ne pas avoir succombé comme beaucoup et d’avoir respecté en quelque sorte l’histoire de son peuple.
Et c’est vrai du coup, The Dead Lands en jette pas mal. Même si la mise en scène n’est pas toujours réussie, le film bénéficie d’une très belle photographie le rendant visuellement très beau. Le tout est accompagné par une bande originale au synthétiseur un peu déroutante au début, mais qui au final colle bien à l’image, surtout lors des combats.
Le gros point faible de The Dead Lands, c’est qu’il manque de substance. Après un début très intéressant, le film s’enlise clairement un peu, la faute à un scénario des plus basiques avec cette histoire d’honneur, de honte, de vengeance. Une histoire qui pourtant ressemble à bon nombre d’autres histoires de films d’action ou d’art martiaux, mais qui ici a du mal à prendre, rendant une bonne partie du film pas des plus palpitantes. Heureusement, la grosse scène d’action finale vient nous sortir de la semi torpeur dans laquelle nous étions plongés, un combat violent, barbare, parfois même bien gore comme d’ailleurs les quelques rares autres combats parsemant le film.
Mais ces scènes d’action ont beau être intenses, souvent très jolies, le réalisateur se vautre parfois sur leur mise en scène et ne rend pas toujours honneur aux chorégraphies. On suit parfois bêtement caméra à l’épaule les acteurs plutôt que d’essayer, via des plans larges ou des angles bien trouvés, de mettre en valeur cet art martial méconnu du grand public. Le montage y est aussi pour beaucoup. Un montage trop frénétique, lorsqu’il n’est pas maîtrisé, a tendance à plomber le rythme et à casser le mouvement de ces scènes d’action alors que c’est l’inverse qui est voulu. Vraiment dommage…
The Dead Lands est un film en demi-teinte où les bons points sont directement contrebalancés par les défauts bien trop présents. En résulte un film moyen, qui pourra attirer les plus curieux mais qui risque de ne pas laisser un souvenir impérissable pour la majorité des spectateurs…
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