Mort mystérieuse chez les Rednecks

Partie II : Se faire enculer par un cheval était étrangement une mauvaise idée

Au bout d'une bonne heure passée à regarder Zeke s'enfoncer dans ses mensonges (pas aidé par une fille un peu trop bien élevée), le point de non-retour arrive, il est obligé d'avouer à sa femme ce qui s'est passé la veille : Dick Long est mort à cause d'une séance de sexe anal avec son cheval, chose visiblement assez commune chez nos trois rockeurs mais qui, cette fois-ci, a très mal tourné. La deuxième partie aborde donc les terribles conséquences sur sa vie de famille de la zoophilie équine d'un père, l'enquête passe au second plan et l'on assiste à un drame familial, celui d'un homme rattrapé par l'horreur d'un rituel qu'il avait fini par considérer comme normal, celui d'une femme confrontée à l'inimaginable de la part de l'homme avec lequel elle partage sa vie depuis des années. Cette deuxième partie tragique est légèrement compensée par le potentiel humoristique du duo de policières et du médecin mais reste une sombre descente aux enfers pour le protagoniste principal dont la vie de famille n'est désormais plus envisageable une fois son secret révélé (ce qui contraste avec son ami qui s'en branle un peu plus et a juste à fuir la ville n'ayant pas d'attache particulière, chose qui ne doit pas être très compliquée quand on habite au trailer park avec les crackheads). Tout au long de ce segment, les protagonistes ressentent des émotions fortes comme ils ne sont pas censés en vivre dans une vie entière et il faut souligner la qualité du jeu des acteurs qui font des merveilles dans certaines scènes qui auraient pu devenir particulièrement ridicules.

The Death of Dick Long est donc selon moi un excellent film, que l'on pourrait taxer d'aborder un thème incongru mais dont l'existence est avérée (le très mauvais documentaire Zoo est à voir si le sujet vous intéresse) et qui le fait d'une bien belle manière, nous faisant ressentir des émotions allant du rire à la tristesse tout en traitant avec justesse les sujets sociétaux associés : l'obligation du secret, l'incapacité à comprendre des proches et la non divulgation de l'affaire au grand public au nom du bien commun. Daniel Scheinert nous montre une fois de plus qu'il fait partie des noms à suivre assidûment pour les années à venir, arrivant à filmer cette histoire choquante sans jamais être putassier et nous laissant des images marquantes en tête : la jeune fille couvert de sang à la station service, le récital de piano ou le petit cheval en plastique faisant son apparition lors du repêchage de la voiture. Des images qui nous décrivent l'incompatibilité des fantasmes d'un homme avec la vie de famille qu'il a choisi de mener mais qui nous rappellent aussi de manière glaçante que sans l'élément déclencheur tout ceci aurait pu durer encore longtemps sans blesser personne - et n'est ce pas là quelque chose que l'on pourrait dire sur la plupart des secrets ?