The deep house est un film frustrant. Frustrant car il commence très mal et n'a pas de fin (et j'entends par là aucune conclusion, on se quitte froidement). Toute l'intro consiste à suivre des youtubeurs qui filment des banalités en insistant sur leur envie d'atteindre le million de vues, des montages musclés de caméras amateurs avec de la musique électro et de mauvais jumpscares. Bref, je commençais à me souvenir de Leatherface et à avoir peur de constater un autre gâchis. Mais une fois sous l'eau, l'ambiance change.
Il faudrait couper cette intro de film, ou la réduire à 5 minutes. 25 minutes d'intro chiante et moche sur 1h20, c'est trop, et on constate immédiatement qu'on n'a consacré aucun budget à cette partie, paresseuse et faisant office de filler (les dialogues de remplissages inutiles deviennent barbants en moins de 20 secondes, et on en bouffe 25 minutes). Autant faire le constat tout de suite, le film n'a pas eu un budget suffisant pour tenir son concept et ses ambitions assez longtemps pour faire un long métrage, donc le film a été rallongé artificiellement pour atteindre sa durée standard. Je ferai probablement un fan cut quand le film sortira. Car le reste mérite d'être découvert.
A partir du moment où on est sous l'eau, le film sait tirer partie de toutes ses cartes, et les épuise consciencieusement en faisant évoluer la situation. Une exploration qui se charge peu à peu de détails glauques, une atmosphère flottante (pas aidée hélas par le choix d'une musique en décalage avant la maison), qui vire à la panique claustro quand les issues disparaissent, et que le film dévoile enfin son concept, terrifiant et renouvelé par cette situation inédite d'immersion, qui place d'office nos personnages en sérieuse difficulté.
Je ne vais pas insister sur le déroulement pour ne pas spoiler. Le film est plutôt avare en hémoglobine, c'est hélas là qu'il aurait fallu plus de budget, pour introduire un troisième personnage qui aurait eu une mort bien sale qui aurait immédiatement mis la pression très fort. On reconnaît ça et là les signatures des personnes impliquées (Baxter et son montage nerveux, notamment dans la séquences des chaînes calquée sur celle du carillon de Livide, l'ambiance de Livide de nos réalisateurs français favoris Maury et Bustillo...), et globalement, malgré le gâchis de l'intro et cette frustration de ne pas avoir de conclusion, on ne sort pas déçu de l'affaire. En ces temps de Spirale et autres Conjuring 3 pourris, c'est probablement la meilleure proposition fantastique qui nous est présentée.