Par bien des aspects, The descendants évite les nombreux pièges inhérents à son sujet.
La gestion de l’agonie et la préparation du deuil de la mère ont de quoi en effet livrer tout un pathos poussif, dont on fait l’économie ici avec intelligence.
La première malice est la situation familiale du père joué par Clooney, sobre et sans crainte du ridicule, occasionnant quelques scène assez grotesques et par conséquent touchantes. La mort de sa femme est l’occasion pour lui de prendre la mesure de ce qu’il ne voyait pas de son vivant : son infidélité, ses filles en roue libre avec qui il va devoir apprendre à communiquer. Du deuil, on décape les attendus et les poncifs : alors qu’il sait qu’elle va mourir, Clooney passe son temps à s’entendre dire les formules consacrées sur le fait que tout va s’arranger, que sa femme est une battante et qu’elle s’en sortira. Ce décalage, cette position instable de celui qui sait la vérité et affronte l’extérieur est une des forces du récit, particulièrement ciselé dans ses dialogues.
Car si le principal concerné a bien des soucis à dire adieu avec sérénité, cette fameuse « closure » ne passe en réalité pour personne. L’annonce du décès, loin de la carte postale d’un adieu plein d’amour, est surtout l’occasion de règlements de compte aussi maladroits qu’incongrus. Personne ne s’en sort véritablement avec les honneurs. La parole ne fonctionne pas, l’enquête sur l’amant non plus, et toute cette petite comédie humaine se voit, comme dans Nebraska, désactivée au profit d’un portrait de l’impuissance de l’individu, face à lui-même et face aux autres.
Mais, à l’inverse de son dernier film, Payne a tendance ici à grossir le trait : on a beau parler de l’intime, le recours à l’hyperbole est constant : la mort de mère, le caractère de l’amant, la vente d’un demi-milliard, les collusions entre l’adultère et la transaction financière… C’est assez poussif par instant, de même que l’ajout du copain de la fille ainée, plaquage assez maladroit d’un élément extérieur qui accentuerait l’insolence et la bêtise adolescente dans le tableau. De la même manière, les plans carte postale d’Hawaï et la musique, locale, constante, à la limite du supportable, accentuent ces effets de manche dispensables.
C’est une bonne chose que d’avoir vu Nebraska avant The Descendants, qui en semble le brouillon encore un peu immature, un peu grossier, mais prometteur dans sa direction d’acteur et son écriture.
(6.5/10)
Sergent_Pepper
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le 16 avr. 2014

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Sergent_Pepper

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