The Descendants par zeugme
Si après avoir regardé ce film, vous vous reconnaissez dans le personnage de Clooney, je ne veux jamais faire partie de votre famille. Bon gros exercice de manipulation à la American Beauty. Y'a-t'il un psychologue dans la salle pour aider ce personnage ?
Si vous n'avez pas tout pigé du premier coup, comprenez bien que les fameux descendants n'ont aucune importance dans l'arbre de décisions du personnage. L'argent oui, l'illusion de transmission aux prochaines génération comme moyen de s'auto-justifier son existence ratée, oui, mais les sentiments et les personnes sont finalement très secondaires. L'auto-justification et l'absence de remise en question sont les deux mamelles de ce personnage pendant tout le film.
Y'a-t'il une seule conversation de couple qui soit harmonieuse et qui leur fasse du bien dans tout le film ? Non, ce qu'on fait de mieux c'est un couple aide soignant / malade, dont le mari résume les problèmes du "héros" d'un "T'aurais du lui donner un peu de pognon pour qu'elle se sente aimée". Note bien, la fille fait des sports extrêmes, ça dénote une vie d'ouvrière maltraitée.
Faut juste pas oublier le pitch du début, comme toujours vu que c'est Clooney on fait l'impasse : il ne l'aimait plus, sa femme, depuis un bon bout de temps. Sa mort l'a juste confronté à sa propre mortalité. Et puis il faut bien dire du bien des morts, d'où d'ailleurs son speech hallucinant aux funérailles devant les ami(e)s de madame. Rendu là, tu te donnes bonne conscience l'ami. "Si ma femme était pas morte, nous serions repartit à zéro". Sauf que pas de bol ...
Donc, le type s'en foutait avant, pendant il ne tient aucun compte de ce qu'elle voulait de toutes façons si ce n'est de pas la laisser brancher mais de toute façon il avait pas le choix c'est la loi et elle y a veillé, probablement confiante dans son jugement.
C'est donc l'histoire d'un pauvre type qui réalise un peu tard qu'il est un pauvre type (ma femme est morte entre autres parce que je ne l'aimais plus et qu'elle s'est fait une vie sans moi et que ça l'a amenée sur ce bateau sur ce jour fatidique) et qui a défaut de s'acheter des couilles ou de pardonner pour de vrai décide de faire faire le sale travail par ses enfants avant d'aller s'écraser devant la télé à côté d'eux. Woaw.
Le mec, il se remet en question à savoir pourquoi sa femme était malheureuse, pourquoi il ne l'aimait plus et ne vivait plus qu'en parallèle ? Que nenni, il accomplit sa semi-vengeance en pénalisant financièrement le type qui a osé s'intéresser à son pognon (et en embrassant la femme de l'autre pour passer le message et foutre son couple à lui en l'air), n'aide presque pas ses enfants à passer au travers et revient vivre avec eux aussi sa vie parallèle (non, regarder la télé n'est pas la plus significative des activités familiales).
Exemple avec la grande : j'exile ma fille dans une autre île et je ne la connais presque pas, elle a été élevé par sa mère mais attention, je suis son père car je lui dit de ne pas jurer (règle communautaire qui sert essentiellement à bien paraître). L'aide active au deuil que je lui fournit dans le film ? Zéro. Elle, je lui fait magouiller avec le méchant, gérer la petite que je ne sais pas tenir et faire les tâches domestiques. Merci ma chérie. Mais attention, je suis très préoccupé de ton patrimoine, c'est beau !
Le plus drôle c'est que c'est finalement le méchant de l'histoire le plus clean : confronté, il dit la vérité à sa femme. D'ailleurs, il dit aussi la vérité à Clooney dès le début. Et il s'occupe de ses enfants, lui. Cherche pas pourquoi sa femme à lui veut bien lui donner une autre chance.
Quand un scénariste veut m'apprendre ce que devrait être la vie, j'attends de lui que sa propre thérapie soit au moins entamée, voyons ! Si ce mec avait un bon psy ou de vrais amis (ben non, ils soutenaient tous sa femme, on se demande pourquoi vu l'empathie qu'il démontre pour ses propres enfants ; à la directrice "Je vous paie une fortune pour l'élever") y'aurait pas de film. A tout prendre, je préfère le méchant de No country for old men : lui aussi il s'en bat les couilles de ta vie et il n'a pas changé à la fin, mais au moins il n'essaye pas de se donner bonne conscience.