The Dig
6.4
The Dig

Film de Simon Stone (2021)

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Pourquoi fouiller ? Hein, Netflix ?

C'est un sujet qui me tient à cœur, personnellement et professionnellement. Je me suis donc lancé, non sans une certaine appréhension, il faut le dire. Parce que l'archéologie au cinéma, c'est toute une histoire, et elle ne sert, bien souvent, que de support superficiel au reste de l'intrigue. Puis il y a Netflix, pas forcément de quoi me rassurer non plus. Alors, qu'en est-il ?


Le film se divise globalement en deux grandes parties assez distinctes.


La première tourne autour des deux protagonistes, Edith Pretty (aka Carey Mulligan), disposant de terres sur lesquelles se trouve le site, et Basil Brown (aka Ralph Fiennes), fouilleur embauché par cette dernière pour mener à bien ce travail, l'ensemble baignant dans un contexte de début de Seconde Guerre mondiale. Elle est veuve de guerre, mère et malade ; lui est archéologue d'expérience sans études ni certifications, marié mais sans enfant. Ce tableau avait tout d'un début de romance classique, d'ailleurs assumée, mais heureusement recalée par un retour au sujet principal du film, à savoir la découverte d'un des sites les plus spectaculaires de l'époque, Sutten Hoo.
Cette première partie est une réussite. En plus de ne pas tomber dans le piège cité à l'instant, c'est également l'occasion d'aborder la réalité d'un chantier de fouille, notamment dans les années 40. C'est un travail physique, difficile, soumis aux aléas météorologiques. Ainsi, on déterre, et on bâche, puis des plans répétés sur les mains abimées et leur nettoyage insistent sur la rudesse d'une fouille. Mais c'est aussi un travail intellectuel. Bien que formé sur le terrain, Mr Brown semble ne rien avoir à envier aux archéologues envoyés par le British Museum puisqu'il dispose de solides connaissances sur l'histoire de son pays ou encore en géologie, ce qui lui permet par exemple de juger les évolutions au sein des couches stratigraphiques de la terre.


La deuxième partie continue dans ce sens mais introduit de nouveaux acteurs, notamment via l'équipe envoyée par le Brithish Museum. Au début très hautaine, cette dernière incarne l'opposition entre l'expérience non certifiée d'un côté, mais dans le juste, et de l'autre un domaine qui s'organise de mieux en mieux autour de spécialistes et de professionnels, d'entités publiques (le rôle des musées, leur développement), craignant que le chantier de fouille ne soit pas abordé ni préservé de la meilleure manière par un "amateur". Là aussi, la facilité qui aurait pu découler de cette opposition est évitée, les deux partis arrivant à s'entendre et à se comprendre bien que Mr Brown soit légèrement mis de côté au sein du film, et ça au profit d'autres personnages, mais j'y reviendrai. Quoi qu'il en soit, le chantier est bien restitué, et on rajoute à cela d'autres éléments, comme l'intérêt de la numismatique afin de dater un site, la documentation par la photographie ou encore la politisation autour d'un chantier de fouille et les enjeux que cela puisse susciter. C'est même l'occasion de revenir sur le terme des "Dark Ages", aujourd'hui très nuancé. La fouille est même fidèle quant au genre, le domaine connaissant encore actuellement des problèmes de sexisme, on ose à peine imaginer dans les années 40 ...
L'idée est aussi de questionner le rapport à la mort, à notre devenir, et à ceux qui viennent étudier ceux étant déjà passés par là. La maladie de Mme Pretty, et ses visites quotidiennes sur la tombe de son défunt mari vont dans ce sens. Et enfin, pour parler plus "cinéma", cette partie voit également se développer une mise en scène moins timide, avec quelques tentatives d'échanges décalés avec l'image et d'allers-retours dans le temps qui sont les bienvenues.


Beaucoup de points positifs en somme, alors pourquoi pas plus ?
Malheureusement, si le scénario évite certains pièges, il saute à deux pieds dans d'autres, notamment dans sa deuxième partie. C'est à croire qu'il y a un cahier des charges à remplir (hein Netflix), avec la présence obligatoire d'amours impossibles et inter-croisés qui n'apportent rien à l'histoire, mais qui sont là et qui rallongent le film superficiellement. Un amour hétérosexuel et extraconjugal ? Check. Un amour homosexuel ? Check. Le film dure 1h52, et aurait gagné en qualité et cohérence à être plus court sans ces histoires qui sont certes belles et bien filmées, mais sans réel intérêt.


Ce dont il est question ici finalement, et à cette date fatidique, c'est de se poser la question "pourquoi fouiller ? et pourquoi est-ce important à ce moment ?". Eh bien, une formule directement issue du film y répond selon moi à merveille, lorsque l'archéologue en chef du British Museum s'exclame sur les trouvailles du site, finalement Anglo-Saxon : "les Temps Sombres (the Dark Ages) ne sont finalement plus si sombres". Pendant ce temps, l'Allemagne envahit la Pologne.

Yakaledire
7
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le 7 févr. 2021

Critique lue 354 fois

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