Je ne connaissais "The Room" que via le Nostalgia Critic, qui reprend les scènes les plus emblématiques du film, donc je n'ai jamais ressenti l'envie de le voir puisque j'en avais déjà une bonne idée générale (et que ça semblait bien pourri). Puis les bonnes critiques pour "The Disaster Artist" sont tombées, et j'ai donc décidé de me lancer également, avec ma maigre connaissance de ce film devenu culte.
J'ai été enchantée par "The Disaster Artist", un film sur le cinéma dans tout ce qu'il a de plus fou, d'attractif et de dévastateur, mais aussi de profondément humain.
Tommy Wiseau est une personne hors norme, dans le sens où on aurait bien trouver du mal à trouver quelqu'un qui lui ressemble, car il n'a pas vraiment d'équivalent auquel on pourrait confronter sa vision de la création. Il vit sur sa propre planète, en suivant ses propres règles et sa propre idée des relations humaines, ce qui en fait une personne particulièrement exécrable, possessive et tyrannique à de nombreuses reprises. Il ne se rend pas compte de sa propre médiocrité en tant qu'acteur et dans sa compréhension du cinéma, et pourtant il souhaite être aimé et applaudi, mais sur ses propres termes, et il refuse tout compromis à ce sujet. Pourtant, il reste touchant derrière ses mystères et ses crises, et on ressent une vraie sympathie pour cet homme pas comme les autres.
Plus que le tournage du film, c'est sa relation avec Greg Sestero, des plus touchantes, qui est au centre du film, et derrière les tensions, on sent une vraie amitié et respect entre les deux hommes. Derrière la volonté de création, la déception, la frustration, c'est peut-être avant tout l'amitié qui pousse Tommy en avant.
Le film est incroyablement respectueux du travail accompli lors du tournage de "The Room". Malgré la médiocrité du produit final, on nous fait bien sentir que Tommy Wisseau a mis énormément de lui-même dans cette oeuvre, qu'il avait une vision, quelque chose à dire sur le monde qui l'entoure, et que son envie de créer était réelle, pure, et non motivée par le profit. D'où le titre, parfaitement en accord avec le personnage.
Au final, "The Disaster Artist" est un très beau film, parfaitement rythmé et superbement interprété, sur un des meilleurs pires films du monde, ces films qui malgré toutes leurs imperfections essayaient désespérement de nous faire passer quelque chose. J'ai même maintenant envie de regarder "The Room" en entier, c'est dire.