On aime le cinéma coréen pour ses drames puissants, ses films historiques prenants, ses thrillers percutants, ses comédies jubilatoires… Mais quand il s’agit de s’aventurer vers des genres comme l’horreur ou le fantastique, on a également bien envie de voir ce que cela peut donner. Après Along with the Gods l’année dernière, le Festival du Film Coréen à Paris a misé, cette année, sur The Divine Fury.
Le pitch du film est assez amusant et intrigant : un champion d’arts mariaux s’associant à un prêtre spécialiste de l’exorcisme pour combattre les démons, ça a de quoi annoncer un spectacle intéressant. Quitte à s’aventurer sur ce genre de terrain, autant que cela soit spectaculaire et divertissant. Le postulat de base est assez classique, avec un jeune garçon éduqué dans le respect des valeurs chrétiennes, qui perd la foi suite à la mort accidentelle de son père, malgré ses prières. L’un des enjeux du film va être de réconcilier l’homme qu’il est avec cette foi perdue, à cause des stigmates qu’il porte et qui le relient tout droit à la puissance divine.
Le point de départ du film étant une forme de trahison, une perte de foi, il fallait naturellement reconstruire le héros pour le mener à devenir le « combattant divin » qui est destiné à être. Pour cela, le film n’hésite pas à prendre son temps et à mettre doucement les enjeux en place. Mais là se trouve l’un des gros problèmes du film : il prend beaucoup trop son temps. A force d’étirements et de répétitions, The Divine Fury rend progressivement le spectateur insensible aux enjeux de l’histoire et au sort des personnages, dont il sent en même temps que rien ne peut leur arriver.
A force de longueurs, de repousser sans cesse le passage à l’action, on ne parvient plus chasser l’ennui, et au moment où les choses bougent, il est trop tard. Car The Divine Fury est victime des attentes qu’il suscite : il promet de l’action, des combats contre les forces démoniaques mais le film n’est finalement qu’un parcours initiatique menant à l’affrontement final tant attendu, qui n’est pas non plus des plus incroyables. C’est aussi un film victime du passé du genre, déjà riche en films de ce type, comme les Blade et les Underworld, ou Constantine, pour ne citer qu’eux. C’est ce qui m’a fait, personnellement, vivre la même chose que devant The Great Battle l’année dernière, c’est-à-dire voir quelque chose de déjà vu en tant que spectateur occidental, même si ce genre de film est potentiellement peu commun en Corée.
The Divine Fury aurait pu être très bon mais multiplie les défauts : trop long (plus de deux heures), déjà vu, assez mal écrit, montrant des personnages pour lesquels on a peu d’empathie et pour lesquels on n’a pas vraiment peur. Le film finit par même sombrer dans le kitsch, et on a finalement plutôt envie de se replonger dans un Blade qui, au moins, s’assume. On se dit, quelque part, que The Divine Fury n’a pas loin de vingt ans de retard.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art