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Si je vous avoue un léger surclassement pour "Die Tür", je le justifie volontiers par la patte indéniable qu'à ce film. Une patte qui vous caresse délicieusement l'intellect comme la rétine, à grand...
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le 13 août 2015
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Si je vous avoue un léger surclassement pour "Die Tür", je le justifie volontiers par la patte indéniable qu'à ce film.
Une patte qui vous caresse délicieusement l'intellect comme la rétine, à grand renfort de plans soigneusement travaillés, de réalisation inspirée et de scénarisation soignée à défaut d'être originale.
Alors oui, le spectateur pointilleux relèvera bien quelques raccourcis scénaristiques, on est d'accord. Mais le contenu reste tout de même d'une sobriété et d'une qualité impressionnante; mettant du coup en exergue tout ce qui fait la force du cinéma de genre: sa différence et sa démarcation.
Ici cette démarcation se veut discrète mais terriblement efficace, avec une touche finement dosée de paranormal, propre à prendre le spectateur en témoin de son propre étonnement.
Car si ce film dérange, c'est en fait qu'il surprend par sa forme.
Vous ne trouverez pas en effet dans "Die Tür" une grande exubérance ou une grande originalité dans sa trame. Tout le film tient sur un court voyage dans le temps, sans artifice. Du coup on en reste comme deux ronds de flanc.
Le personnage principal, effectue un saut dans le passé par une petite pirouette scénaristique après un développement sans ornementation. Pas de tergiversations inutiles. Rien de flagrant. Donc pas de machine improbable ni de savant fou, encore moins de money shot à deux millions de Dollars. Deux portes et c'est plié.
Alors on vous dira qu'il souffre de la perte tragique de son enfant, et que bien sur son couple bat de l'aile. Revu des centaines de fois. Mais t'affole pas Jeannette, c'est après que c'est bon.
Car c'est par le biais d'une réalisation inspirée que le film s'envole. Mêlant plus particulièrement une caméra très intimiste avec une ambiance excellente et un jeu d'acteur de haute voltige, Die Tür vous emporte littéralement en deux coups de cuillers à pot.
On a vraiment envie d'avoir le fin mot de l'histoire, et malgré une fin un peu facile, on vous laisse quand même une ouverture. Pas de vérité toute faite. Du coup l'esprit vagabonde encore un peu après le générique.
J'adore.
Pour revenir sur le détail du jeu des acteurs, si tous les rôles sont bien joués, la palme reviens à Mads Mikkelsen, qui crève l'écran avec un rôle tout en retenue et à Jessica Schwartz qui s'en sort haut la main avec un rôle de faire-valoir larmoyant et relativement lisse.
La fin du film apportera d'ailleurs un peu plus de nuance à son personnage, ce qui n'est pas un mal.
La dernière couche de bonheur tient enfin dans la bande originale, de Fabian Römer. Toute en nuance, elle finit de huiler cette mécanique de précision à la perfection.
On se dit donc après coup que le film sait largement faire oublier un budget qu'on devine épais comme une peau de chagrin et hisser haut les couleurs de ce projet.
Car c'est ce que je retiendrai de ce film: une BO exquise et une réalisation impressionnante de simplicité, proche de son histoire et du spectateur, malgré peut être un petit manque de nuance dans la trame. Car le scénario ne se perd jamais dans des théories fumeuses et va systématiquement au plus efficace.
Cette simplicité déroute, autant que la sobriété qui confine parfois à l'austérité: les décors sont simples et les effets spéciaux quasi-inexistants. À l'heure où le cinéma Hollywoodien se perd dans ses milliards de dollars, cette simplicité déroute, vous parait âpre.
Mais on se fait très vite à cette approche et dans mon cas, on apprécie largement le film parce que pour une fois ce n'est pas un scénario dense et alambiqué qui vous interpelle, mais plutôt une réalisation classieuse. Tout à la fois nerveuse, précise, calme ou intimiste, on est toujours interpellé par quelque chose. Un geste, un dialogue, un visage, une expression. Bref, la réalisation est toujours appliquée à impliquer le spectateur dans cette histoire, on en sentirait presque la main du réalisateur sur votre nuque.
S'en est presque flippant.
Alors pas de cafouillage, ici le scénario est donc un prétexte pour dévoiler un véritable talent de mise en scène, et je ne veux pas croire que ce soit la seule médiocrité ambiante du cinéma de ces dernières années qui en soit la cause.
Il s'agit donc pour moi d'une vraie leçon de cinéma sur plusieurs tableaux. Déjà pour le contre-pied, qui vous pousse à revoir vos a priori, pour ses ambitions assumées, mais surtout pour sa prise de risques.
Et ça, ça fait du bien.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Bein voilà, c'était quand même pas si compliqué !
Créée
le 13 août 2015
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10 j'aime
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