En 1986, John Woo sort Le Syndicat du Crime / A Better Tomorrow et le film explose le box-office au point que les années qui vont suivre vont voir arriver tout un tas de clones qui vont essayer de surfer sur son succès. L’heroic bloodshed était né, devenant par la même occasion un sous genre du cinéma de Hong Kong. Beaucoup ont essayé de capturer la magie et l’essence du film de Woo, avec plus ou moins de réussite, avec plus ou moins de succès au box-office. Parmi ceux qui ont tiré leur épingle du jeu, il y a The Dragon Family, un film au schéma assez familier pour ceux qui ont bourlingué dans le cinéma de Hong Kong, pas forcément très original, mais va arriver à sortir du lot grâce, entre autres, à son casting assez hallucinant de têtes connues, une violence sans concession et un final comme les amateurs de peloches HK aimeraient en voir plus souvent. Une histoire de triades très noire comme Hong Kong aime les faire et qu’on prend plaisir à suivre 1h30 durant malgré un début qui pourra paraitre un peu laborieux. Explications.


The Dragon Family a la même structure narrative que de nombreux films de triades de l’époque, avec une première moitié très calme en termes d’action, qui va poser les enjeux, annonçant une deuxième moitié crépusculaire. Nous allons suivre l’histoire d’une famille à la tête d’une grande triade, alliée à trois autres triades, qui ont décidé de ne pas toucher à la drogue et de se mettre de plus en plus aux affaires légales. Un accord entre les quatre familles qui bien entendu va voler en éclats lorsque l’une d’entre elles, plus gourmande et plus belliqueuse que les autres, va décider que la drogue, c’est bien parce que ça rapporte beaucoup de pognon et qui va s’en prendre à la famille « dirigeante ». Jeu de provocation pour faire naitre la colère, entourloupes, puis à mi-film, place à la brutalité et les cadavres vont s’entasser. Cette première moitié est assez bavarde car The Dragon Family va nous présenter énormément de personnages et les enjeux qui vont tourner autour. Le film prend son temps pour nous présenter beaucoup de personnages pas tous très utiles, mais cela permet de mieux les connaitre et de faire qu’on s’attache à eux bien que, en 1h30, difficile de les approfondir réellement. Mais il est vrai du coup que cette première moitié se fait assez bavarde, ce qui est pourtant un « mal » nécessaire pour donner encore plus de puissance au déchainement de violence et à l’acharnement qui va suivre. Un drame sur fond de triades qui va virer en heroic bloodshed dans sa deuxième partie en somme. Comme dit plus haut, le casting est assez hallucinant pour qui connait un minimum le cinéma de Hong Kong : Andy Lau, Alan Tam, Max Mok, Kent Cheng, Kent Tong, Miu Kiu-Wai, Ku Feng, Shing Fui-On, Norman Tsui, Phillip Ko, Stanley Fung, Kara Hui, Charlie Cho et bien d’autres têtes connues dans des tous petits rôles. Oui, casting 5 étoiles et ce n’est pas tout puisqu’à la réalisation on retrouve Lau Kar-Wing, acteur dans presque 130 films mais également réalisateur de bobines telles que Odd Coupe, Those Merry Souls, Scared Stiff ou encore Skinny Tiger Fatty Dragon. De quoi mettre en confiance pour au moins un bon divertissement. Mais ce n’est pas tout puisque les scènes d’action sont dirigées par son frère qui n’est autre que l’incontournable Liu Chia-Liang / Lau Kar-Leung (La 36ème Chambre de Shaolin, The 8 Diagram Pole Fighter) en pleine transition Arts Martiaux => Polars. Du lourd en somme.


La mise en scène de Lau Kar-Wing est plutôt propre, dynamique quand il faut l’être, avec une photographie très bleutée, bien dans les standards de Hong Kong de cette époque (une des raisons pour lesquelles on aime ce cinéma très souvent d’ailleurs). Les scènes d’action sont toujours lisibles grâce à un montage intelligent qui, bien que parfois assez cut, privilégie les mouvements d’ensemble. Ces scènes d’action sont sans concession, à l’image du premier carnage qui arrive à mi-film. Ça canarde dans tous les sens, n’épargnant ni femmes ni enfants. Les impacts de balles et autres gerbes de sang sont nombreux avec tout ce qu’il faut de ralentis lors des impacts des balles pour justement leur donner plus d’impact. Oui, on sent que John Woo est passé par là peu de temps avant et que The Dragon Family tente de prolonger l’expérience. L’ensemble est bien chorégraphié par un Liu Chia-Liang qui nous fait de Gun-Kata bien avant que cela soit « popularisé » par le Equilibrium (2003) de Kurt Wimmer, et le final est, comme souvent à cette époque, assez impressionnant. A nouveau un énorme carnage où les sbires tombent comme des mouches et qui à lui seul mérite le visionnage du film, avec un mélange arts martiaux / gunfight qui fonctionne parfaitement. A noter des cascades qui font mal, réalisées par les acteurs eux-mêmes alors que certains ne sont pas des cascadeurs ni même réellement des artistes martiaux (Andy Lau ou Alan Tam). Bref, de la bonne action qui rattrape un peu les lacunes de la première partie et dont le tout forme un mélange certes déjà vu et revu à Hong Kong, très classique, mais pourtant suffisamment efficace pour que même ceux qui sont familiers avec ce schéma narratif puisse prendre du bon temps avec the Dragon Family.


The Dragon Family nous présente une histoire très noire comme Hong Kong aimait les faire, où la lenteur de la première moitié est compensée par le déchainement de violence lors des gunfights de la deuxième moitié. Plutôt très sympathique.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-dragon-family-de-lau-kar-wing-1988/

cherycok
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le 3 oct. 2023

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