Le cimetière des éléphants ?
La première impression est qu’on se demande ce qu’a ingéré le réalisateur pour produire ce film, a l’imagination débridée. On est pourtant d’emblée séduit par le style graphique de Felix Coldgrave, qui n’a pas froid aux yeux, et qui ne veut pas nous laisser sortir de son film avec une gueule d’enterrement.
Il est question de mort, la nature est cruelle, mais surtout de vie, la végétation est luxuriante, de nombreuses espèces sont présentées, dans une sorte de jardin dont les éléphants seraient les gardiens. Si la musique, électronique, est par moment trop agressive, elle nous campe dans une ambiance particulière aux tonalités indiennes. On pense alors au dieu Ganesh, à l’hindouisme, à la réincarnation. Mais on se trompe, s’il est question en filigrane de religiosité, l’auteur nous propose un propos en forme de syncrétisme religieux. L’influence de l’hindouisme est évidente mais le christianisme est là aussi avec cette sorte de jardin d’eden, ce serpent (qui pourrait aussi, graphiquement, être le quetzalcoatl), ou encore ce dieu chrétien sur son nuage.
Ce qui est plaisant c’est d’entrer dans cet univers si particulier, onirique, qui n’est pas sans rappeler celui de Claude Ponti, avec des créatures très originales. Le problème est que Coldgrave nous présente une série de tableaux sans lien apparent, et du coup, le sens nous échappe, visuellement c’est très beau, mais il n’y a pas de récit, et on ne voit pas bien où l’auteur veut nous emmener.
Bref, on a là un film surréaliste aux couleurs psychédéliques, attractif visuellement mais qui manque de cohérence et dont la signification est assez fumeuse (ou alors il faut m’expliquer). Comme je le dis souvent, un beau film sans fond n’est pas forcément inintéressant mais il est à mon sens assez vain.
Voilà donc un réalisateur dont je suis curieux de voir d’autres productions, tant il y a un potentiel graphique. A voir donc pour l’univers, les éléments créatifs, mais pas si on est en recherche de sens.