Petite nouveauté dans la filmo du réalisateur : si Ni Kuang est toujours au scénario, il délaisse l'écrivain Gu Long pour Louis Cha. Pas beaucoup de changements pour autant sur le fond : complots, rivalités, trahisons, guet-apens... Cela dit l'histoire est sans aucun doute l'une des plus complexes que le cinéaste a dû mettre en scène au point d'avoir un prologue de 3 minutes qui suffirait déjà pour tenir sur un film entier ! J'ai dû mettre le film en pause pour vérifier s'il ne s'agissait pas d'une suite à un quelconque film vu tout ce qui est évoqué...
En gros, on comprend les grandes lignes (Ti Lung et son 4ème frère) mais les motivations et les identités de la dizaine de seconds rôle est autrement plus obscures.
Ce n'est presque pas handicapant tant le rythme est trépidant même si l'action n'est pas omniprésente. L'introduction des nouveaux protagonistes, les petits intermèdes plus légers ou certains épisodes développant les sous-intrigues donnent une œuvre pratiquement sans temps mort, porté par la réalisation toujours efficace et racée du cinéaste. Chu Yuan délaisse d'ailleurs les décors irréels et fantasmagoriques pour un style plus traditionnel mais toujours d'une perfection visuelle époustouflante (avec quelques pointes plus oniriques tout de même). Les costumes, la figuration et les décors ont l'air au dessus de la norme Shaw Brothers et se permet le luxe de refuser certains décors phares du studio en construisant une pagode différente à celle qu'on retrouve dans des dizaines et dizaines de films. Mine de rien, ça fait plaisir un peu de nouveauté.
La direction artistique est plutôt chouette et Chu Yuan s'essaye à quelques trucages comme des surimpressions pour traduire la vitesse du héros Ti Lung qui se dédouble pour mieux vaincre ses adversaire. Un peu rudimentaire comme effets mais le résultat est largement convaincant.
Les chorégraphies sont également d'un bon cru, plus câblés que d'habitude pour le cinéaste (Yuen Bun était assistant sur les combats d'ailleurs). C'est toujours bien dynamique, pas trop accéléré, avec des passes d'armes qui culminent dans un long final en plusieurs actes parfaitement excitant et aux techniques originales. La scène de La pagode avec les cordes en flammes est également une bonne idée, bien exploité de surcroit.
Le mélange des genres est un peu moins réussi. Car au milieu d'un ensemble assez sombres (dont un père contraint d'assassiner son fils, séquence plutôt poignante et forte), on trouve deux moment plus légers et totalement hors-sujet : un vaudeville fripon et un diner contrarié pour l'empereur. Assez curieux de garder ce genre de scène alors que le film file à 100 à l'heure et aurait mérité de mieux expliquer quelques situations et personnages.
Le principal est que je n'ai jamais vu passer les 103 minutes