Les zombies et le cinéma italien, c’est une grande histoire d’amour depuis plusieurs décennies. Même si ses heures de gloires sont désormais bien derrière nous (c’est que ça commence à être loin les années 80), certains s’évertuent encore parfois à faire du cinéma de genre avec ces chers morts-vivants, peut-être en souvenir de cette époque à priori révolue mais qui reste bien ancrée dans la tête de certains cinéastes. War of the Dead (2011), Zone of the Dead (2009), La Création (2007) sont les plus récentes bobines zombiesques sorties au pays des pâtes et de la pizza. Le succès ne fût pas au rendez-vous, le genre n’a plus franchement la côte en Italie. Ou alors était-ce dû à la qualité plus que discutable des films eux-mêmes. Oui, c’est possible aussi. Mais certains ne se découragent pas, et c’est ainsi que déboule sur les écrans ritals l’an dernier In Un Giorno La Fine, rebaptisé The End? pour l’international. L’histoire d’un mec coincé dans un ascenseur en pleine épidémie zombie. Oui, pas très original, j’avoue. Mais pourtant, c’était très sympa.
The End? est le premier film du jeune studio Mompracem, créé par les réalisateurs Marco et Antonio Manetti (réalisateurs de Ammore e Malavita, Song E Napule) et le producteur Carlo Macchitella. Leur mot d’ordre ? Produire des films différents, des films qui plaisent avant tout à eux-mêmes, des films de genre. L’état du cinéma de genre en Italie en étant au même point qu’il est en France, on pourrait dire que ce n’est pas gagné. C’était donc prévisible que The End? se ramasse au box-office local, engendrant un peu moins de 200000€ de recette. Premier essai en demi-teinte pour Mompracem pour un film qui, malgré des défauts évidents, s’en sort au final plutôt bien.
On suit les mésaventures de Claudio Verona, un homme d’affaires cynique et désagréable. Vous savez, ce genre de personnage détestable qui envoie chier les gens car se croyant supérieur, qui trompe sa femme avec la première pouffe venue, qu’on a envie de claquer en boucle. Sauf qu’en se rendant à un rendez-vous dans l’immeuble où il travaille, il se retrouve coincé dans un ascenseur, entre deux étages. Karma diront certains. Il appelle la sécurité via l’interphone, on lui dit que des hommes ont été envoyés sur le toit pour réparer le générateur. Mais rien ne bouge. Enfin si, des choses semblent bouger à l’extérieur de l’ascenseur, mais les appels ne donnent rien. Pourtant, il en est sûr, ça bouge. C’est étrange. Aussi étrange que ces news qu’il a entendu à la radio, coincé dans les embouteillages, en venant ici, que ces news qu’il lit sur son téléphone, coincé dans son ascenseur, que ces news que lui donne sa femme par téléphone, coincée chez elle. Soit disant, il y aurait des attaques. Les gens seraient devenus fous. Il n’est pas bien sûr de comprendre tout ça. Ce dont il est sûr, c’est qu’il commence à s’impatienter dans son ascenseur et décide de forcer les portes. Ça marche ! Enfin, à moitié. Elles sont de nouveau coincées et là rien n’y fait. Il ne peut toujours pas sortir mais au moins, il a de l’air neuf qui arrive et un visu sur le couloir en face de l’ascenseur. Mais ce couloir est étrangement calme. Il n’y a personne ? Les gens sont pourtant censés travailler. Quand soudain surgissent des gens qui tentent de l’attaquer. Pourquoi sont-ils ensanglantés ? Ce sont les fous de la radio ? Pourquoi poursuivent-ils ses collègues ? Pourquoi mangent-ils ses collègues ? Une chose est sûre, c’est que s’il ne peut pas sortir de son ascenseur, rien ne peut y entrer non plus. Pourtant, il va bien falloir qu’il sorte un jour…
The End? est un film de zombies au final assez classique sous forme de huis-clos dans un ascenseur. Classique mais faisant preuve d’une réelle efficacité passée la longue mise en place de presque 30 minutes durant laquelle le film présente le personnage central de son intrigue, Claudio Verona, afin de le rendre détestable. C’est assez long à démarrer mais il faut que ce personnage soit détestable car l’une des principales forces du film, c’est son évolution au fur et à mesure que le film avance, au fur et à mesure de ses différentes rencontres, des différentes attaques auxquelles il est sujet ou auxquelles il assiste, soit de visu via la porte d’ascenseur entrouverte, soit à distance par téléphone (avec sa femme, son chauffeur, …) ou talkie-walkie (lorsqu’il rencontre le policier), impuissant. Il va retrouver petit à petit son humanité, du respect et de la solidarité pour les autres, de l’empathie même, se rendre compte de son amour pour sa femme. Il va devenir un homme meilleur.
Le travail du réalisateur Daniele Misischia est à saluer. La mise en scène du film est très propre et jamais on ne ressent les limites de son faible budget. Même si The End? se montre parfois un peu longuet, un peu répétitif sur ses attaques, le réalisateur arrive à y instaurer une jolie tension, des rebondissements sanglants, le rendant plutôt prenant, le tout en donnant très peu d’informations à propos de l’épidémie en cours, nous mettant en quelques sortes au même niveau que les personnages. Alessandro Roja, l’interprète de Claudio, passant par toutes les émotions en fonction de ses rencontres impromptues et de leur sort, porte le film sur ses épaules. On pourra reprocher au film de parfois parler trop pour ne rien dire, mais il est fort probable que ce soit volontaire afin de retranscrire au maximum la peur d’un personnage, parlant à haute voix pour se rassurer alors qu’il est enfermé seul dans un ascenseur en pleine attaque zombie. On regrettera peut-être un dénouement un peu trop convenu … un peu trop gentillet … un peu trop prévisible …
The End? a beau au final ne pas apporter grand-chose d’inédit au genre zombie, il reste néanmoins une bonne petite bobine qui arrive à créer une bonne tension dans un espace réduit en s’appuyant sur un personnage principal très travaillé. Divertissant.
Critique originale : ICI