The End of April est un de ces films aux allures de puzzle, rien qu'à ce titre il est intéressant. Il arrive pourtant aussi à parler d'une réalité cruelle sans jouer avec l’excès de pathos; mine de rien il laisse de la place à l'empathie pour-certains de- ses personnages.
Dès le départ on sent une volonté de faire sentir l'enfermement des personnages; la condition de Hyun-Jin et Joo-Hee est à l'image de leur immeuble: au mieux triste et dans le pire des cas sordide.
A travers elles, le film dresse le portrait de gens qui tentent avec leurs moyens de se faire une place dans un pays où la réussite sociale est le maître mot. Elles sont dans l'envers du décor, littéralement marginales puisque vivant dans un immeuble glauque et misérable quasiment vide qu'elles partagent avec quelques personnes aux conditions de vie tout aussi précaires. A chacune sa précarité, celle de l’étudiante loin d’être enviable mais encore moins violente que celle de la fille d'une famille déclassée et qui s'est condamnée à la fuite.
La seule échappatoire, des rêves d'avenir certes modestes mais solides.
A ce fond social, le film juxtapose une forme surprenante. Comme dit plus tôt, le film est comme un puzzle car il instille des le début un mystère qu'il maintient de diverses façons ingénieuses jusqu'au final.
Tout le long du film les scènes d'onirisme noir apparaissent par bribes; à cela s'ajoute vite ce qui semble être un jeu sur les temporalités, alternant ainsi les scènes entre une Hyun-Jin étudiante et une autre plus âgée comme autant d’échos à un mystère qui s’épaissit.
Puis vient ce twist où les deux pièces s'assemblent pour donner à l'intrigue une dimension encore plus dramatique.
Ce twist peut en laisser plus d'un sur le cul (moi-même sur le moment) même si d'autres l'auront vu venir un petit peu avant.
Si sur certains points (à l'image de ce twist) on peut avoir des réserves, le film reste toutefois bien troussé.
Il faudra en tout cas suivre l'auteur (dont c'est visiblement le premier film) de près.