Justin Benson et Aaron Moorhead sont des auteurs à suivre. Je n'adhère pas à leur filmographie (trois éléments à ce jour) pleinement, mais ils ont une sensibilité et une aspiration à la nouveauté qui forcent mon respect. Un genre de jusqu'au-boutisme rigoureux et pas complètement idiot. Leurs maigres budgets, en outre, confirment que l'on peut faire des films ambitieux, y compris dans le registre du fantastique dans lequel les mauvaises coutures se voient très vite, sans disposer de millions de dollars.
La colonne vertébrale de leur cinéma, c'est le développement de récits exigeants, dotés de leurs singularités sans pour autant négliger leurs influences (on pense beaucoup à Lovecraft, bien sûr). J'aime beaucoup les introductions de leurs film, comme ici, qui prennent un soin évident pour caractériser l'environnement, les personnages, les interactions. C'est du fantastique qui ne fait que gratter la surface de la réalité, il n'y quasiment pas d'accès de démonstratif ici. Pas de spectaculaire non plus, mais disons que le budget les en empêche de fait de toute façon... C'est un cinéma qui est là pour intriguer, mais pas de manière stérile, pas de manière gratuite et facile. Plutôt de manière stimulante, même si à mon goût leurs conclusions sont partiellement ratées, elles en disent soit trop soit trop peu.
L'interrogation au centre du film (et de leur "Resolution" également, qui se trouve malicieusement imbriqué dans celui-ci) aurait cependant pu être mieux ou plus développée : est-il préférable de vivre dans une boucle artificielle mais plaisante, ou bien dans la boucle naturelle de la vie rythmée par les jours et les nuits, qui plus est ponctuée par la mort (en substance) ? Ce n'est cité explicitement qu'à un seul endroit du film, mais cette réflexion habite l'ensemble des deux films.
Dommage que "The Endless" ne parvienne pas à concrétiser ce qu'il a savamment tissé dans sa première partie. La notion de boucles temporelles me paraît un peu expédiée. Il n'est jamais question de "film de petit malin", mais certains aspects sont vraiment évoqués de manière trop superficielle pour absorber totalement. Je garderai surtout en tête, pour les bons côtés, l'introduction.