Voir "Thé et sympathie" de nos jours est comme lire dans un livre de sociologie des années 50 sur l'American Way of Life. Indéniablement le scénario issue d'une pièce de théâtre jouée à Broadway a des choses à dire. L'histoire est comme un cri de désespoir sur les désirs refoulées d'une société vouant un culte à la normalité et aux manières. Les thèmes abordés sont nombreux, complexes et osés pour un films des années 50. On parle de préciosité (à défaut d'être autorisé de parler d'homosexualité), de relation amoureuse entre un adolescent et une femme mûre, de désirs refoulés, de rêves brisés par les convenances, etc... Mais surtout on parle de la société américaine et de son image stéréotypée et idéalisée des années 50.
On peut même préciser, au début des années 50. Un détail intéressant nous renseigne dans le scénario où on reproche à Tom de rester chez lui à écouter de la musique. Une activité "ringarde" aux yeux de ses camarades de classe. Tiens ? Pourtant le film date de 1956, Elvis Presley et le rock'n roll trust les hit-parades américains. Les teenagers sont accros et devraient tous être autour d'un jukebox... Sauf que la pièce de Robert Johnson a été écrite en 1953: la révolution du rock'n roll n'a pas encore eu lieu. Ecoutez le billboard américain de 1953 et vous comprendrez pourquoi écouter de la musique était has been.
Voila donc l'instant T de ce cliché de l'amérique. Une cocote minute prête à exploser. Sauf que lorsque le film a été réalisé, la bombe du rock avait explosée. Et l'impacte du film a surement due être amoindrie à sa sortie. (J'ignore quel a été son accueil dans les salles).
L'ennuie du film est qu'il prône la révolte sociale, mais est réalisé comme un produit aseptisé à l'image même de ce qu'il dénonce. Des décors en studio en technicolor aux couleurs criardes. Des acteurs aux cheveux peignés et gominés. Une mise en scène académique dans sa forme et aux personnages très caricaturaux. Minnelli n'était peut être pas le bon metteur en scène pour cette histoire.