Thé et Sympathie par Maqroll
Une des premières grandes fresques romanesques de Minnelli, avant Comme un torrent, Celui par qui le scandale arrive ou Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse. Construit sur un unique flash back à partir d’une introduction en forme de point d’interrogation, Thé et sympathie propose une fascinante et pertinente étude des campus américains (et à travers eux de toute la société américaine) et de leur obsession de la virilité… ou de leur épouvante de l’homosexualité, ce qui revient souvent au même. Le personnage central (joué avec justesse par John Kerr, parfait de pudeur délicate et de rage contenue) est celui d’un jeune étudiant, montré du doigt et désigné comme un être efféminé (« Sister Boy ») uniquement parce qu’il est différent de ses condisciples abrutis de sport et de chasse aux filles. Bien qu’affublé d’un père plein de morgue et bourré de valeurs « viriles », il préfère la musique, la compagnie des femmes mûres, le théâtre ou la couture… Après quelques épreuves douloureuses, il parviendra à surmonter cette crise d’identité avec l’aide précieuse d’une femme de prof, jouée avec sa grâce habituelle par Deborah Kerr, une fois de plus lumineuse d’intelligence, qui se dresse avec courage et sensibilité face aux crétins musclés dont fait partie son mari. La mise en scène de Minnelli est d’une fluidité exemplaire, usant comme d’habitude de plans larges parsemés à chaque fois d’une multitude d’indices et s’accompagnant d’une recherche éblouissante sur les couleurs. Un très bon film d’un authentique auteur, passionné et passionnant.