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Comment le cinéma nous ouvre les yeux sur nous-même

The Fabelmans, dernier film en tête d’affiche de Steven Spielberg. Une histoire sur notre grand écran blanc qui met en avant la vie de Sammy Fabelmans, jeune réalisateur en herbe qui rêve de succéder dans ce milieu. Le film débute sur Sammy qui va pour la première fois de sa vie au cinéma, il appréhende. Car oui, après tout, il ne voit pas l’intérêt d’aller dans un endroit qu’il ne connait pas, un endroit inconnu, un écran géant qui pourrait l’avaler à tout moment avec ses histoires. Pourquoi vouloir fuir sa vie dans autre chose ? Parce que Sammy, sa vie il l’aime, avec deux figures parentales stables, une maison, du bonheur et de l’amour. Mais ses parents sont déterminés et le convint d’y aller, il faut essayer cette expérience, il faut voir au-delà de ce que le cinéma peut nous donner. Il faut essayer. Et là, c’est la découverte : Sammy est émerveillé. Il veut lui aussi écrire, réaliser, reproduire et créer. Or, en tant que spectateur, on comprend rapidement que Sammy est en réalité Steven Spierlberg. C’est un film bien trop détaillé et intimes pour ne pas être vrai. Alors voilà, Steven se livre à nous. Pour la première fois il nous donne à voir au-dessus de ses fictions, il se met à nu et offre une histoire personnelle puisque c’est la sienne. On se sent comme ami avec lui, proche, on veut être présent pour lui et on ne peut qu’écouter son récit.  

LA FIGURE PARENTALE QUI S’ECROULE 

La mère de Sammy, incarné par Michelle Williams est un personnage haut en couleur. C’est une âme d’artiste qui contrairement à son mari encourage Sammy à faire ses films. Ce ne sont pas que des simples « projets » sans avenir et conséquences. Non c’est de l’art. Mais la problématique fait rapidement surface : elle est instable. Dépeinte comme une artiste incomprise mais attachante, elle est en réalité égoïste. Au cours d’une session camping organisé par la famille, Sammy découvre dans ses archives filmographiques que sa mère avait une liaison avec le meilleur ami de son père : Bennie. Sammy étouffe, suffoque, il doit partir, il doit respirer et s’adhérer. Mais comment faire face à la trahison de sa mère ? Il n’est doté de aucuns outils ou manuels qui puissent l’aider. Alors il réagit comme tout adolescent aurait réagi face à un aussi lourd secret : il fuit sa mère. Il l’ignore, il ne peut pas lui faire face car la regarder dans les yeux reviendrait à lui rappeler la trahison absurde sa génitrice. Mais le pire n’est pas là : il abandonne sa passion, il abandonne le cinéma. En plus d’avoir perdu confiance en lui et ses capacités filmographiques, il associe maintenant sa passion, son échappatoire à sa prison. Car s’il n’avait pas filmé cet escapade au camping, il n’aurait jamais dû faire face aux archives, il n’aurait jamais découvert la vérité, il n’aurait jamais dû mentir à son père, il n’aurait jamais dû porter le poids dont il n’est pas responsable. Sammy préfère être dans le déni, le déni de la faute de sa mère, le déni de sa passion, le déni de ses problèmes. Car parfois, éviter et fermer les yeux parait beaucoup plus simple que de devoir faire face à ses émotions, et ça Steven le décrit parfaitement. Mais sa mère ne comprend pas cet évitement donc elle le confronte. Et c’est face à cette scène poignante ou Sammy lui montre les archives grâce auxquelles il a découvert son infidélité que tout s’éclaire. Elle s’effronde sur elle-même, honteuse. Et Sammy, une fois de plus endosse le rôle dont il n’est pas responsable « Je ne dirais rien maman, je te le promets. »  Avec ce Fabelmans, Steven Spielberg met en lumière la capacité du cinéma qui nous permet de communiquer. Le cinéma est un art, il ne faut pas l’oublier, un art qui permet de s’évader mais surtout de s’exprimer. Sammy est un réalisateur en herbe qui à faillit abandonner ses rêves car il avait perdu tout espoir en son exemple et donc en lui-même. Steven nous montre que l’on peut continuer de croire en nous même, que nous ne sommes pas responsables tout le temps des actions des autres et que nous ne pouvons encore moins gérer l’impact qu’elles peuvent avoir sur nous. Mais qu’il faut croire, il faut croire en soi, persévérer et ne jamais abandonner. Si on donne de l’amour et de l’espoir dans ce qu’on aime, on peut y arriver. Car lui à réussi, alors pourquoi pas nous ?     

Lagrise
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le 6 juin 2024

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