BABYLON, la plus belle lettre d’amour au cinéma jamais écrite.  

LE PROTAGONISTE CONDAMNE 

Manny.Manny représente le personnage auquel nous pouvons le plus s’identifier en tant que spectateur. Que ce soit au début du film quand il rencontre la magnifique Nelly Laroy (interprétée par Margot Robbie) ou bien encore à la fin quand, par ce splendide et émouvant montage qui retrace toute l’histoire du cinéma, on aperçoit Manny d’un point de vue externe mais aussi interne car nous voyons notamment la scène de son point de vue. C’est lui qui nous a conduit dans cette histoire sans pour autant nous la compter : il nous a simplement prit avec nous. Manny est le centre principal de l’histoire, le fil conducteur, il est le point moteur. Discret tout au long du film on pourrait rapidement le qualifier de « cafard » comme le décrit si bien la journaliste hollywoodienne à Brad Pitt dans un monologue tout aussi puissant dont nous reparlons plus tard.  Mais non, il prend les rênes de sa vie et décide de devenir connu « Nelly, je veux changer le monde, je veux laisser ma trace et devenir un symbole » dira-t-il entre deux rails de cocaïne à sa nouvelle amie, qui deviendra bien plus tard la raison de sa chute. En effet, un homme si ambitieux ne peut pas gravir les obstacles sans quelques difficultés. Celle de Manny est unique au monde et pourtant c’est la plus récurrente : l’amour. Pas n’importe quel genre d’amour non, c’est l’amour à sens unique donc est victime notre héros. Face à un coup de foudre évident ou il déclarera sa flamme avant même l’apparition du titre du film à l’écran, il passera la suite à suivre Nelly partout, à vouloir la sauver que ce soit face à des mafieux ou bien un serpent à sonnette. Car voilà Manny est prêt à mourir pour elle, il est prêt à tuer, prêt à être humilier et prêt à rater sa vie pour elle.  Manny est l’incarnation même de la problématique à laquelle nous devons tous faire face un jour ou l’autre : les sentiments ou la réussite. Car l’un ne va que très rarement avec l’autre. Comme l’explique Nigel à Andy dans le long métrage Le Diable s’habille en Prada « Si ta vie sentimentale part en lambeaux, c’est que tu réussis dans ta vie professionnelle, félicitation chérie. » Manny s’est trahi lui-même, oubliant trop rapidement son but, il finira par en perdre son identité, ses idées, son jugement et son rêve. Il ne vivra plus pour lui mais pour elle. C’est ici que le réalisateur Damien Chazelle tire la sonnette d’alarme pour nous spectateur. Si nous décidons de mettre notre énergie dans autre chose que nous même, dans quelque chose de toxique, une relation, et qu’on en oublie nos ambitions personnelles, on peut rapidement sombrer dans le fléau de l’oubli. Lors de la dernière scène, la scène finale, la scène qui signifie tout, la scène qui reste dans nos esprits : Manny pleure, il pleure à cause de ses choix, il pleure le Hollywood des années 20 souillés, mais il pleure son amour condamné, son amour sacrifié, son amour qui l’a abandonné à lui alors qu’il avait tout abandonné pour elle : Nelly.  Un symbole reste : c’est ce qu’a voulu nous dire Jean Smart par le biais de Brad Pitt « dans des années les gens verront ta tête et par là tu continueras de vivre, grâce au cinéma. » Le cinéma rend une star immortelle comme il peut tout aussi la tuer. Brad Pitt est un acteur qui se renouvèle et pourtant, il joue ici une star hollywoodienne qui brille et tombe dans l’oubli, nous sommes ici dans un paradoxe : un acteur en opposition à son personnage. Car la voilà la peur de tous : être oublié. Cette peur existe depuis toujours, lors de l’antiquité le pire châtiment pour les grands conquérants était d’avoir leurs noms effacés de partout. Est-ce la même pour Brad Pitt ? Son personnage en tant que grand conquérant d’Hollywood, de créateur, finit-il par lui aussi être oublié ? Brad montre ici qu’il peut se renouveler, qu’il peut encore suspendre, il est toujours d’actualité et immortel, c’est une figure intemporelle et symbolique, il succède là ou a échoué son personnage. C’est exactement pareil pour Tobey Maguire. N’arrivant pas à se décoller de son image de Spiderman il nous offre ici une performance à couper le souffle : il est capable de se renouveler et de nous surprendre, on en vient presque à oublier l’univers Marvel et toutes ses références, en vrai acteur il nous montre ses facettes et ses capacités. Damien Chazelle cherche à nous prouver que tout est possible : on peut se réinventer grâce au cinéma et sa grande salle, son art majeur (et non mineur !) marquera nos esprits et changent la vie des gens. On note tout de même une référence au film Scarface avec Manuel qui préfère se faire appeler Manny au fur et à mesure, qui adopte petit à petit l’attitude de Manny Ribera allant même jusqu’à adopter la même coupe de cheveux de ce dernier.  En effet, comme Manny dans Scarface il se consacrera plus à l’amour qu’au business et sa potentiel carrière mourra avec. De plus, la boite dansante dans laquelle Tony Montana observe Elvira se nomme le Babylon, coïncidence ou pur souci du détail de la part du génie Damien Chazelle ?    

TOUT EST POSSIBLE 

Soyons réalistes, ce fim est truffé d’acteurs connus et à haut potentiel. Ironie du sort Samara Weaving qui finit dans l’ombre de Margot Robbie ou encore Phoebe Tonkin connue pour son rôle dans The Orignals et même Olivia Wilde qui vient tout récemment de réaliser son film Don’t Worry Darling avec en tête d’affiche Harry Styles. Ces actrices connues ne font pourtant que de brèves apparitions. Brad Pitt et Margot Robbie sont des personnages secondaires alors qu’ils sont extrêmement connus d’Hollywood. Mais voilà que le personnage principal de l’histoire est interprété par un acteur qui a fait des brèves apparitions dans Narcos Mexico : Diego Calva. Damien Chazelle ne nous vend pas que du rêve : il en réalise. Il montre au spectateur et prouve que l’on peut être en tête d’affiche sans avoir réellement un passif hollywoodien pour autant. Il suffit juste d’être ambitieux pour pouvoir jouer au côté de Brad Pitt et aller même jusqu’à lui voler la vedette, il faut aussi être déterminé et animé par le cinéma pour pouvoir faire ses preuves. Mais la voilà la conclusion vers laquelle il nous guide : le rêve hollywoodien est à ta portée il te suffit juste de tendre la main.    


UNE EPOQUE COMPLIQUÉE

 Les valeurs sont importantes. En plus d’être sur un fond d’amour et de décadence nous sommes aussi sur une remise en cause avec la place compliquée qu’il fallait se faire à l’époque dans cette industrie. Sidney Palmer en est la preuve : musicien noir, il subira le racisme de l’industrie à plusieurs reprises et pourtant à aucuns moments il n’a lâché ou abandonné. Il poursuit ses rêves et tant qu’il est en adéquation avec ses idées, le reste suit. Quand il abandonne une fête huppée alors que sa carrière vient tout juste de démarrer car il ne supporte pas les commentaires des personnes conviées : Sidney ne lâche jamais, même quand la limite est dépassée face à la pression de Manny pour se peindre le visage en noir car « tu comprends, avec la lumière tu ne fais pas assez noir ». Il subit. Il subit la pression, les remarques, donc il part, mais il part pour mieux retomber, il finira sa carrière avec une foule qu’il qualifie d’accueillante et chaleureuse, heureux de pouvoir exercer son métier dans un environnement qui lui plait ou ses valeurs sont comprises et acquises. 


 LE REVE HOLLYWODIEN A PORTÉ DE MAIN 

Damien Chazelle comme à son habitude nous vend du rêve, il nous fait espérer et nous montre que tout est possible. Il nous avertit que le chemin ne sera pas facile, si l’on veut y arriver il faut savoir faire le tri dans sa vie et abandonner les relations toxiques pour ne pas s’abandonner soi-même. On peut tous avoir accès à la vie de rêve comme Manny il suffit juste de savoir ouvrir les yeux quand il est nécessaire. Le rêve hollywoodien est toujours d’actualité et il est accessible. En contrario de Quentin Tarantino avec Once Upon a Time in Hollywood, Babylon nous réunit à tous : nous ne sommes pas obligé d’avoir des connaissances aïgues en culture cinématographique pour comprendre le film, il faut se laisser porter et se laisser assembler car c’est ça le réel pouvoir du cinéma : aimer et se sentir moins seuls. Le cinéma réunit, le cinéma assemble, le cinéma fait rêver mais surtout le cinéma nous aime autant que nous l’aimons : la vie est une fête.   

Lagrise
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le 6 juin 2024

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