Débouté du Masque de Zorro, le cinéaste mexicain Robert Rodriguez accepta alors la proposition des frangins Weinstein: mettre en scène ce projet imaginé par David Wechter et Bruce Kimmel, puis scénarisé par Kevin Williamson, auréolé du succès des deux premiers Scream.
Pure commande pour un metteur en scène jamais meilleur que quand il a quelqu'un sur son dos, The Faculty a tous les atours du simple teen-movie du samedi soir, avec ses codes, ses passages obligés et ses limites. Basique et prévisible, l'intrigue reprend le principe de whodunit cher à Kevin Williamson, tout en le mixant à une sorte d'hommage référencé à la science-fiction paranoïaque des années 50.
Sans trop se fouler mais avec une certaine efficacité (quand il ne laisse pas apparaître un micro dans le champ ou d'énormes faux-raccords), Robert Rodriguez filme avec un rythme certain le script pachydermique de Kevin Williamson, multipliant les effets attendus et les ficelles grosses comme la bite à Dudule. Non, ce n'est certainement pas pour son intrigue que The Faculty puise toute sa sympathie.
Là où The Facuty tire son épingle du jeu, c'est bien évidemment dans son dynamitage du genre auquel il appartient, comme tentait déjà de le faire Scream avec plus ou moins de bonheur. Ce ne sont cette fois pas les nombreuses références ou un second degré quelconque qui font la "force" du métrage, mais bien sa vision finalement assez particulière du teen-movie. Entre deux séquences d'action ou de faux suspense aux gros sabots, Robert Rodriguez parvient l'air de rien à détourner une poignée de lieux communs, à les entourer d'une gentille subversion. Il n'y qu'à voir ce détournement du fameux test de The Thing pour s'en convaincre, voyant notre groupe d'ados résistants s'en coller plein le pif afin de démasquer un éventuel alien, une cocaïne artisanale étant le seul moyen de lutter contre une invasion venue d'ailleurs. Même chose en ce qui concerne le final, incroyable faux happy end donnant l'impression de brosser les producteurs dans le sens du poil mais qui s'avère bien plus ambigüe si l'on gratte un peu la surface.
Se rappelant judicieusement ses années bahut, Robert Rodriguez joue également avec son casting, avec ses personnages stéréotypés, bien plus complexes qu'il n'y parait. Loin d'être les habituelles gravures de modes interchangeables, les protagonistes sont au contraire de sacrés paumés, attachants dans leurs failles et sonnant pour une fois très juste. Le jeune casting est d'ailleurs impeccable, et l'on retiendra tout particulièrement la présence de Josh Hartnett en dealer philosophe et d'Elijah Wood en tête de turc. Les comédiens confirmés semblent également s'amuser de leurs côtés, en particulier un Robert Patrick sacrément cabotin.
Relecture balourde de Body Snatchers qui aurait été bien fade entre d'autres mains, The Faculty est une série B diablement efficace et attachante, compensant allégrement un script peu follichon et quelques rides par une vision sincère et désabusée du lycée, le tout enrobé d'une petite touche de subversion. Robert Rodriguez s'en ira ensuite tourner ses petits délires dans son coin, devenant malheureusement de plus en plus fainéant.