The Falls se base sur la vie de 92 personnes pour nous raconter une histoire globale qui tient du fait historique. Peter Greenaway a fait quelque chose d'assez particulier pour son premier film, les trajectoires de vies racontées ont une durée (elles peuvent être expédiées ou étudiées pendant quelques minutes) et une forme variables (images liées à l'histoire, photos, interviews, dessins...). Ce format assez audacieux reprend celui de son court-métrage Dear Phone en plus abouti et plus varié. J'ai eu assez peur en débutant le film de me taper 3h de Dear Phone, celui-ci ayant montré ses limites bien avant la fin des 16 minutes qui le composent. Mais The Falls s'avère bien plus abouti et intéressant visuellement car ce que cherche Peter Greenaway dans ce film, ce n'est pas simplement à raconter quelques histoires sur un thème commun mais bien à toucher l'universel.
En racontant ces multiples biographies, il offre de nombreuses variations sur des vies liées aux oiseaux et à la fascination pour le vol mais c'est bien en accumulant ces histoires que l'intérêt du film apparait : en partant d'histoires individuelles (très bien écrites et parfois plutôt comiques), il nous fait comprendre le monde commun dans lesquelles ces personnages vivent, un monde étrange où tout semble lié aux oiseaux et au vol. Le récit de nombreuses conséquences de l'évènement matriciel du récit est agrémenté d'un nombre important de témoignages, de photos, qui telles des pièces à convictions, nous donnent l'impression d'assister au procès de cet évènement. J'en suis sorti avec l'impression d'être un grand connaisseur sur un sujet qui n'existe même pas, c'est clairement la première fois que ça m'arrive.
The Falls est donc un film hautement expérimental, dont la structure digne d'une encyclopédie peut inquiéter mais offre une expérience unique. Le procédé fonctionne très bien pour construire une histoire science-fictionnelle complexe sans en avoir les moyens mais s'avère quelque peu répétitif : on ne va pas se mentir, les 3h de visionnage comporteront pour tout un chacun des moments de déconcentration, mais elles offriront surtout à qui veut bien se laisser tenter une expérience de cinéma particulière et mémorable.