Un documentaire classique, assez peu cinématographique malgré de bien rares fulgurances et qui vaut avant tout pour son sujet qui fait froid dans le dos et dont je n’ai entendu parlé qu’avec ce film : une dénommée et sinistre Anne Hamilton-Byrne, à la tête d’une secte australienne ayant émergée dans les années 1960-1970 ("The Family"), a kidnappé et adopté dans l’illégalité la plus totale des enfants, voir des nouveau-nés, avec l’aide de complices appartenant à la secte (dont son mari). Maltraités, brimés, battus, affamés, drogués (parfois par LSD), ces enfants (des blonds aux yeux bleus et quelques roux), environ une trentaine, étaient élevés en captivité, habillés et coiffés de sorte à ressembler à de vrais frères et sœurs, et formés à être des agents qui officieraient au sein de la secte. L’horreur ne s’arrête pas ici puisque les adhérents étaient manipulés de sorte à obtenir d’eux l’obéissance la plus totale, menacés quand ils découvraient le pot-aux-roses, et parfois internés de force en psychiatrie quand ils entreprenaient des actions à l’encontre de la secte. Celle-ci a détruit de vies, gâché des enfances, poussé au suicide, et cela a pu être permis notamment par le fait qu’elle avait une influence démesurée, notamment dans les plus hautes sphères institutionnelles. Alors que le documentaire s’évertue à expliquer, avec plus ou moins de limpidité au niveau du montage et de la narration (chose que je reproche souvent à ce genre de documentaires style Arte – où il finira sûrement par passer) mais toujours avec beaucoup d’intérêt les rouages de cette organisation (en montrant également l’usage troublant de certaines pratiques relevant presque d’une certaine forme de sorcellerie), il montre aussi, en parallèle, l’enquête menée par un flic au sein d’une cellule policière afin de monter un dossier à charge contre le couple et le parcours du combattant pour aboutir à leur arrestation, qui aura finalement lieu aux États-Unis après plusieurs années de traque. Verdict : une amende dérisoire pour fraude fiscale et reconnus non coupables pour les crimes dont ils étaient poursuivis. Un documentaire à voir malgré ses imperfections et son classicisme qui le rend parfois légèrement laborieux. Le cinéma sert aussi ça : lever le voile sur des actes innommables et des injustices, parfois méconnus du monde, afin de rendre lui-même justice aux victimes en dévoilant toute leur histoire, dans un geste aussi réparateur que possible. Je recommande.