Devoir de mémoire
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Wow, la puissance émotionnelle que dégage ce film est incroyable. Il est loin d’être le premier à traiter de la démence chez les personnages âgées, mais rarement un autre film aura réussi à en faire un élément de mystère et de suspens avec autant de brio. En distordant la structure narrative pour nous faire entrer dans l’esprit d’Anthony, on en vient nous même à essayer de comprendre ce qui se passe, à remettre les pièces dans l’ordre pour tenter d’y voir plus clair. Pourtant, plus on avance dans le récit, moins les choses s’éclaircissent et plus notre prise sur la réalité se dissipe.
La structure narrative et le rôle joué par les décors font qu’on perd peu à peu les repères spatiaux et temporels, si bien qu’on en devient aussi confus qu’Anthony ; même si intrinsèquement, on comprend ce qui se passe. Là est le tour de force du film : nous déstabiliser, nous faire ressentir, nous faire vivre ce qu’expérimente le personnage pour qu’on s’y identifie, alors même qu’on a conscience de ce qui arrive. Cela n’empêche pas de créer un suspens haletant, presque éthéré tant tout devient déconnecté et bouclé. Les clés ne nous sont données (autant à nous qu’à Anthony) qu’à la fin, quand il est déjà trop tard, ce qui rend cette résolution d’autant plus dramatique.
Ajoutons à cela un casting de haute volée. Si Olicia Coleman, Mark Gatiss, Olivia Williams, Rufus Sewell ou Imogen Poots sont très bons dans leurs prestations respectives, notamment pour accentuer parfois le malaise et notre déstabilisation ; Anthony Hopkins survole ce film de son talent avec une aisance rare. Les bons comme les mauvais côtés du personnages ressortent d’autant plus, son irascibilité, son tempérament impulsif n’en sont que plus crédibles et nous surprennent, cette fois-ci en tant que spectateurs. Comme je disais plus haut, les décors ajoutent une nouvelle couche de déstabilisation avec leur unité visuelle très proche. Ce qui est renforcé avec la mise en scène de Florian Zeller, qui a su s’affranchir des limites du théâtre pour donner utiliser celles du cinéma, sans pour autant s’en démarquer totalement. Le résultat final n’en que plus immersif et saisissant.
Bref, The Father n’a pas volé ses louanges. C’est incontestablement un des meilleurs films de l’années passée ; et sans doute le meilleur candidat à la précédente cérémonie des Oscars. Un film simple, sur lequel on ne reviendra pas forcément ; mais une structure narrative et spatiale de laquelle se dégage une puissance atomique qui emporte tout sur son passage.
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Créée
le 26 mars 2022
Critique lue 17 fois
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