Quelques jours après avoir attribué 3/10 à Keith, je ne pouvais que mettre moins à The First Time qui m'a fait de la peine. Oui, le visionnage m'a attristé car je trouve navrant qu'on produise des films aussi ratés sur un thème aussi éculé que la romance adolescente. On entrevoit une lueur d'espoir de temps en temps, mais au final le film s'enfonce davantage encore à chaque scène...
La scène d'introduction en elle-même est très, très, très laborieuse. Pour le plaisir, je me permets de faire un petit focus dessus.
On est à une soirée lycéenne de film américain, donc les filles sont à moitié à poil dans la piscine et les garçons sortent commodément de la salle de musculation. Dave et Aubrey se réfugient dans l'allée derrière la maison pour trouver du calme et y font donc connaissance. Pour une raison assez obscure, Dave se livre totalement sur son amour désespéré pour la dénommée Jane alors même qu'ils viennent de se dire bonjour, le tout pendant que Aubrey sous-entend avec une finesse éléphantesque qu'elle-même est en couple, donc pas la peine de la draguer t'entends ?
Premier problème: connaissez-vous beaucoup d'adolescents qui confieraient leur amour inconditionnel à une tierce personne qu'ils rencontrent à l'instant ? Bourré avec 3g d'alcool dans le sang pourquoi pas, sobre j'en doute.
Bref, poursuivons. Deux minutes plus tard, montre en main, un DJ astucieux décide d'arrêter le R'n'B qui tâche et le College Rock de derrière les fagots pour un slow des familles. Dave, qui vient de confier son amour pour Jane à Aubrey, propose donc fort logiquement à cette dernière de danser un slow, seuls dans cette allée. Mais enfin, en admettant que vous ayez avoué votre amour pour une fille à une autre, vous vous voyez ensuite l'inviter pour un slow ? Oui ? Ah bon, ok. Moi pas trop. Naturellement elle accepte et le traditionnel instant de malaise intervient.
Bon, continuons. La police arrive et alors que les fêtards prennent leurs jambes à leur cou, nos deux héros décident de se raccompagner mutuellement à pied. Ça, pourquoi pas, c'est le moins improbable jusque là. Après un court dialogue avec des types défoncés qui passent en voiture et dont l'intérêt est discutable, les voici qui arrivent au domicile de la demoiselle. Dave, ayant accompli sa BA de la soirée, s'apprête donc à rentrer chez lui. C'est alors qu'Aubrey, qui a bien insisté sur le fait qu'elle a déjà un copain, l'invite à se faufiler dans le domicile parental et se poser dans sa chambre, ce qu'il accepte non sans s'être inquiété de mettre en péril le couple. Aubrey, entre deux moments où elle rappelle à Dave qu'elle a un copain et que lui est vraiment très très amoureux de la Jane évoquée plus haut (on sait jamais il aurait pu oublier), le ramène donc dans sa chambre où elle débouche une bouteille de vin, passe un vinyle aux chansons suaves et s'allonge sur les coussins au pied du lit en lui tenant la main et se faisant enlacer.
Voilà, au cas où vous n'auriez pas suivi, le film a commencé depuis 5-10 minutes à cet instant. Il brille par sa subtilité, c'est impressionnant.
Et puis, l'espoir renaît. Dave retrouve ses deux amis incarnés par Craig Roberts que j'avais trouvé pas mal du tout dans Submarine et LaMarcus Tinker qui est carrément cool dans les deux dernières saisons de Friday Night Lights. Ils lui expliquent avec un certain humour que la fille a carrément la dalle et qu'il a sa chance avec elle. A ce moment-là, je me suis dis que le ridicule de l'introduction était volontaire que le reste du film tiendrait la route. Je me suis planté. On ne cesse de sombrer.
The First Time, c'est un peu comme un mec bourré. De temps en temps il y a un instant de lucidité, mais de suite après c'est encore pire. Le personnage de Ronny, cliché assumé de l'étudiant musicien anti-capitaliste apporte une lueur d'espoir à son tour, mais il n'est jamais exploité et disparaît aussi vite qu'il apparaît.
Je pense qu'on touche le fond lorsque le déclic s'opère pour Aubrey, c'est-à-dire au fameux moment où elle découvre que Dave est bien plus profond et intéressant que ce qu'elle croyait. En effet, elle apprend qu'il a une sœur et ça change la vision qu'elle avait de lui. Super ! Il a élevé sa sœur c'est vraiment un mec bien....
Ah non non !! Il a juste une sœur. Il l'amène au parc parfois mais c'est tout. Putain le mec est sensible quand même, quelle fille ne serait pas séduite ?
Elle lui sort donc cette phrase, pleine d'admiration mais teintée de reproches pour lui avoir caché cette facette de lui qui aurait pu changer la donne (alors qu'ils se connaissent depuis 24h à ce moment du film): "You didn't tell me you had a sister". Quel talent d'écriture. A côté de ça, la maladie cachée dans Keith relève du génie scénaristique (merde j'ai spoilé Keith, j'irai brûler en enfer). Moi aussi j'ai une sœur (coucou Aesa !), je le placerai dans la conversation la prochaine fois pour voir si ça fait la diff'.
Dès lors, pas étonnant qu'elle tombe amoureuse de lui instantanément, il a tué le game en révélant qu'il n'est pas fils unique. Ceci dit, Dave n'est pas en reste. Il comprend qu'il n'est pas amoureux de Jane mais qu'il écoutait juste sa teub parce qu'à un moment (le samedi soir, je rappelle que le récit débute le vendredi soir), il lui dit un mot compliqué et elle ne comprend pas, alors que Aubrey avait compris le mot "platonique", du coup c'est elle la femme de sa vie. Il décide donc de continuer à écouter sa teub en se précipitant vers la seule fille qui lui a montré un peu d'intérêt et qui n'est pas trop vilaine.
The First Time, c'est donc une des comédies romantiques les moins subtiles que j'ai pu voir. Même les personnages de Roberts et Tinker qui apportaient un peu de bonheur dans ce monde d'idiots deviennent navrants sur la fin avec leur morale à deux balles.
Ce film craint.