The First Time fait partie de ces ( trop ) rares films qui surprennent de bout en bout.
On regarde la bande-annonce en croyant à tort que le film va être un de ces teens-movies bien sympatoche mais pas original pour un sou.
Et c'est là que le film fait fort, et le public, d'ailleurs, ne s'y trompe pas, à en regarder les notes sur les différents sites de notation ciné. Il faut dire qu'il regorge de qualité : on ne fait pas ici dans le potache, le débile, parce ce n'est pas une comédie - même si quelques passages sont assez drôles - mais bien une romance. Une romance réussie, ce qui est bien trop rare lorsque l'on met en scène deux ados.
L'alchimie entre Dylan O'Brien et Britt Robertson est vraiment palpable, leur histoire est crédible, douce mais forte. Amateurs de clichés, passez votre chemin, ici, les personnages sont des adolescents comme les autres, avec leurs doutes et leurs angoisses, et ils font avec, point final. On nous sert pas des hommes sportifs super forts et beau gosses et des gamines qui pleure parce que Brian l'a largué le jour du Bal de Promo pour sortir avec Brenda, et pour une fois, ça fait du bien.
Ici, nos deux protagonistes s'écoutent, se livrent, et pour une fois dans un teen-movie, ça sonne juste, ça sonne vrai.
Le film s'amuse constamment a construire les cliches pour mieux les déconstruire après. Que ce soit Aubrey,
qui nous apparait d'abord comme une hipster solitaire qui n'aime pas facebook et twitter, ni tout ce qui s'y apparente. Ceci est mentionne par le personnage de Daldry, qui dit a Dave qu'elle doit s'en doute être le genre de femme chiante a regarder des films austro sino hongrois sous titres en croate. Avant que 5 minutes plus tard, on se rende compte que la réalité est tout autre, et qu'a choisir entre les deux elle préféra un film bourrin / un peu débile. Ou encore ce meme Daldry, qui, physiquement, et un peu au niveau de son comportement, aurait tout d'un bon gros looser dans un teen movie classique. Hors, on se rend compte qu'il est finalement assez confiant, pas du tout timide, et s'entend parfaitement bien avec les bonasses du coin. Les exemples de ce genre sont légions. Niveau élément d’écriture, on pourra mentionner la sincérité avec laquelle est montrée la scène de la première fois, ou encore, le discours final de Dave. On le connait tous, ce discours : celui qui clôt une comédie romantique, ou l'un fait part de son amour immense pour l'autre. Sauf qu'ici, c'est sobre, sans musique, sans effet pompeux. Et le film ne s’arrête pas sur ce discours, mais n'est que le début d'une discussion intelligente et sincère entre nos deux protagonistes, dans la voiture qui les amène au lycée d'Aubrey.
Le point de vue tenu par Aubrey au sujet de la première fois est également un régal,
tant cela nous prend a contre pied. Que ce soit dans les films ou dans la vie, on vous dira que la première fois est spéciale, qu'attendre c'est romantique, bref, vous voyez le tableau. Et notre personnage masculin, Dave, tient ce discours. Mais il vient se heurter, encore une fois, a la sincérité et la lucidité d'Aubrey. "It's not some treasure that I have to guard until I find the right person, because there is no right person. There's just one dude, one day" avant d’enchainer sur le fait qu'elle veut se débarrasser de sa virginité le plus vite possible, pour qu'elle puisse s'exercer, et que le sexe devienne une véritable source de plaisir et de satisfaction. C'est intelligent, c'est lucide, et même si elle décide de le faire avec Dave, je tiens a rappeler quelque chose : qui est Dave ? Elle l'adore certes, mais au fond, elle ne l'a rencontré que depuis deux jours. Le film est donc suffisamment intelligent pour nous dire qu'au fond, ni Dave, ni Aubrey n'ont 100% raison. Et rien que de tenir un tel discours, c'est osé et terriblement intelligent pour un teen-movie.
Sinon, visuellement ca claque. Alors certes, pas de mouvements de camera impressionnants ou d'effet de style particulier, que ce soit dans la mise en scène ou le montage. Mais c'est insolemment propre, et visuellement très beau et élégant. La lumière en particulier est sublime tout au long du film. Et certaines séquences sont un bonheur pour les yeux, tout en restant assez sobre. Enfin, l'OST est proprement géniale, et très variée.
Bref, avec de trés bons dialogues, des acteurs principaux comme secondaires ( on pense notamment à James Frecheville ou Craig Roberts ) incroyables, et une romance sublime, The First Time est, je n'hésite pas à le dire un chef d’œuvre. Le film a compris son sujet. Sans se montrer méprisant ou ignorant une seule seconde sur ce qu'il montre et ce qu'il dit, il parvient ainsi a montrer avec sincérité, sans pour autant enlever le romantisme, une romance entre deux jeunes adultes a un moment décisif de leurs vies.
Faire des romances a l'eau de rose, très niaises, c'est facile. Faire des romances dramatiques, tristes, sur fond de guerre, de conflits sociétaux, c'est facile. Mais dépeindre une relation ordinaire, sans rien de particulier, avec autant de maturité et de justesse, ça l'est d'un coup beaucoup moins, d'autant plus quand il s'agit de suivre des ados / jeunes adultes. Et très franchement, je n'avais jamais vu ça avant. Merveilleux.