The First Time Is the Last Time nous fait entrer de plein pied dans le film de prison aux touches exploitionnistes avant de nous plonger dans la romance et le film policier. Un melting-pot que l’auteur use à bon escient pour nous raconter ces histoires de femmes désespérées. Par le biais de l’actrice Season Ma – aperçue pour la première fois dans Boat People d’Ann Hui On-Wah et dans son avant-dernière composition sur grand écran – c’est la découverte d’un univers violent qui rappellera notamment les films de prisons japonais des seventies : la loi du plus fort, les maltraitances, la vie en vase clos. Raymond Leung parsème son récit de flash-back qui transpercent la pellicule comme des souvenirs passés s’échappant de la psyché de deux de nos personnages principaux. D’une part, Ma Yuk Fung manipulée par son petit-ami. De l’autre, Winnie, prostituée et toxicomane, battue par son proxénète et subvenant aux besoins d’un père accro à l’opium, dont le seul salut sera sa rencontre avec un malfrat. Le tableau du monde extérieur est alors aussi noir que celui de dedans, la prison. Il en émane une atmosphère terriblement pessimiste où seul cette détenue déshumanisée (Meg Lam), puisque sans identité, si ce n’est son matricule de prisonnière contraste par son optimisme.
Artistiquement, The First Time Is the Last Time est ce genre de production qui se donne les moyens de livrer une œuvre de qualité. Elle affiche une mise en scène travaillée qui essaie de proposer des choses, bien que le cadre ne soit pas toujours tenu. Au niveau de la photo, elle se montre soignée notamment avec un travail sur le filtre bleu communiquant l’aspect froid qui gangrène ce récit à hauteur humaine. Trois directeurs de la photographie apportent un traitement singulier, dont Andrew Lau Wai-Keung qui s’était alors fait remarquer en collaborant sur City on Fire (1987), Gunmen (1988) et As Tears Go by (1988). Musicalement, on retrouve l’acteur-compositeur Lowell Lo Koon-Ting jouant sur des notes jazzy et des riffs de guitare pour créer cette ambiance qui colle au destin des personnages. Des rôles qui sont campés remarquablement par des acteurs qui font corps avec leurs histoires. Une histoire dont le scénario, bien que simpliste dans son déroulement sait être captivant dans cette peinture du quotidien carcéral, déjà vu et revu ici et là.
The First Time Is the Last Time est une œuvre réussie qui parvient à nous emporter dans cet univers dur et malsain. On s’attache aux personnages et l’on vit avec implication leurs déboires.
(voir peloche et + : https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2013/11/04/the-first-time-is-the-last-time-1989-raymond-leung-avis-review/)