« On l’appelle rêve américain parce qu’il faut être endormi pour y croire » - George Carlin


Déjà habitué du genre avec Tangerine, Sean Baker revient avec The Florida Project, à la frontière entre fiction et documentaire.


L'on y découvre le quotidien des habitants de motels jouxtant le parc Walt Disney, plus particulièrement celui de la très jeune Moonee et de sa mère Halley.
Ce qui frappe d'emblée est le jeu d'acteur qui marque par sa vraisemblance tant et si bien que c'est à se demander s'ils ne jouent pas tous leurs propres rôles. La seule figure connue étant Willem Dafoe, qui se fond à la perfection dans ce sordide décor.


Ignoré de tous, ce microcosme évolue en marge du plus gros complexe Disney des Etats-Unis. Loin des lumières criardes et tape-à-l’œil se dresse un univers glauque : l'antichambre de ce royaume fantasque.
Idée que l'on retrouve d'ailleurs au travers de l'affiche du film, du grain de l'image et des couleurs des motels qui arborent une teinte pastelle, terne, en totale opposition donc à celles éblouissantes des panneaux et du parc d'attraction.


Le fossé entre ces deux mondes se retrouve au sein des deux protagonistes : d'une part une femme-enfant incapable de prendre ses responsabilités et d'autre part une fillette évoluant dans un monde d'adulte qui passe à côté de son enfance. Bloquées, elles tentent de fuir leurs réalités en vivant sans se soucier du lendemain et des conséquences.


Toutefois, à trop vouloir donner de consistance à sa diégèse, le film n'échappe pas à l’écueil de traîner en longueur, rendant alors certaines pérégrinations improductives. A cela s'ajoute une fin abrupte et mal amenée par un changement de rythme très maladroit qui laisse sur sa faim le spectateur.


Il n'en demeure pas moins que The Florida Project a le mérite de marquer par sa vision brutale et sans concession de ces oubliés du rêve américain.

MireurTom
5
Écrit par

Créée

le 3 janv. 2018

Critique lue 568 fois

5 j'aime

Tom MIREUR

Écrit par

Critique lue 568 fois

5

D'autres avis sur The Florida Project

The Florida Project
Seemleo
9

Unplugged

J'aime ce cinéma unplugged, fiction quasi documentaire. The Florida Project colle à la vie quotidienne d'une maman et sa fille. La caméra est à la hauteur des 1m20 de la gamine et la suit dans les...

le 1 févr. 2019

52 j'aime

15

The Florida Project
AnneSchneider
7

Chute libre en rose et mauve

Chromatiquement, on est loin du noir et blanc des « Bas-Fonds » (1957), de Kurosawa. Chromatiquement seulement. Sean Baker a beau placer son intrigue dans un motel tout mauve, dans des pièces aux...

le 21 nov. 2017

44 j'aime

19

The Florida Project
Cinématogrill
5

Question ouverte au réalisateur : où est le scénario ?

Sean Baker est à la limite de l’artiste contemporain et du cinéaste. Ultra engagé, il s’est fait connaitre après le micro exploit de réaliser en 2015 Tangerine, entièrement tourné avec trois...

le 19 déc. 2017

40 j'aime

5

Du même critique

To the Bone
MireurTom
7

"Plutôt mourir que grossir"

Voilà, si l'on devait résumer très grossièrement, la pensée d'une personne atteinte de TCA (Trouble du Comportement Alimentaire) et plus particulièrement d'anorexie mentale. Ellen, protagoniste de...

le 30 juil. 2017

12 j'aime

Comet
MireurTom
7

"I hate Time"

"Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices, suspendez votre cours ! Laissez-nous savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours !" - Alphonse de Lamartine. Sam Esmail, plus connu...

le 8 févr. 2018

10 j'aime

1

Les Têtes vides
MireurTom
5

Hollow - gramme

Cendrillon n’a jamais demandé à avoir un prince, elle voulait juste une jolie robe et une permission de sortie, Kiera Cass. Dernier né des productions originales, The Hollow fait son entrée dans le...

le 13 juin 2018

8 j'aime

16