Des punis de la vie, des enfants meurtris, et leurs mains s'accrochent à l'espoir enfui.

Après "Tangerine", Sean Baker confirme mon affinité pour son cinéma avec "The Florida Project". Il a cette capacité à me faire m'intéresser à des personnages détestables, avec lesquels je ne souhaiterais absolument pas interagir dans la vraie vie à cause de leur misère intellectuelle, leur agressivité, leur égoïsme et leur rancoeur, et à me faire rappeler que ces gens sont des humains, avec leurs rêves, leurs désirs, leurs peines, leurs ambitions, leurs espoirs et leurs désespoirs.

En prenant le point de vue des enfants, le réalisateur parvient à nous faire ressentir de l'empathie pour ces adultes paumés, qui vivent dans la précarité, coincés dans leur petit microcosme de misère, et cela juste à côté de Disneyland, "The happiest place on earth". On se rend compte de leur innocence perdue, mise en parallèle face à celle des enfants qui la possèdent encore. Mais pour combien de temps ? Que deviendront ces enfants une fois livrés face à eux-même dans un monde qui ne pardonnera plus leur attitude défiante comme c'est le cas pour l'instant ? Une perspective qui fait froid dans le dos, quand on se rend compte que des générations sont laissées à l'abandon, broyées par la vie.

Le réalisateur ne juge pas, ne prend pas position, il laisse le soin aux spectateurs de se faire leur propre opinion, et de regarder avec plus d'indulgence ou non ces adultes qui renferment tellement de colère et de violence sans jamais la cautionner, en nous la présentant de manière suggérée mais sans laisser de place aux doutes dans le même temps. Une balance difficile.

Un film à la fois lumineux et terriblement sombre, porté par une jeune actrice d'un naturel éblouissant devant la caméra, "The Florida Project" est un film qui laisse sa marque, avec un vrai point de vue et de l'ambition avec un budget moindre.