Autant se le dire tout de suite, The Fountain est un véritable ovni ! Et comme c’est souvent le cas avec ce genre de film, on adore ou on déteste, ou alors on reste comme moi un peu perdu, sans trop savoir quoi en penser. The Fountain est indéniablement un beau film, mais il est également complexe, et c’est selon moi ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse.
Nous suivons le personnage de Tommy (incarné par un Hugh Jackman excellent) dans son combat contre la mort, poussé par le désir de sauver son grand amour pourtant condamné. Trois histoires se déroulant dans trois époques distinctes s’entremêlent, se mélangent, pour finalement n’en former qu’une, celle de la quête de l’immortalité. Une quête qui tourne rapidement à l’obsession pour le personnage comme pour le spectateur. On touche alors à tous les questionnements du film. Cette recherche de l’immortalité n’est-elle pas vaine et la mort n’est-elle pas inhérente à la vie ? Le film se concentre alors sur le cheminement psychologique de Tommy qui passe du déni à l’acceptation, pour finalement trouver la paix. Le traitement de ces deux thématiques que sont l’amour et la mort est bien mené, faisant de The Fountain un film profondément philosophique et très intéressant.
Artistiquement, The Fountain est une véritable pépite ! Vous en prendrez plein les mirettes dans cet univers tout de blanc et d’or. Chaque plan est soigné et étudié, le palais de la reine d’Espagne, la nébuleuse dorée, l’Arbre de Vie, le film laisse rêveur avec une réelle identité. Sans compter la sublime bande-originale de Clint Mansell, aérienne, atmosphérique, agréable, mais non dénuée d’une certaine mélancolie qui correspond si bien au propos. Un film fascinant, qui vaut autant pour son fond que pour son côté contemplatif. Mais alors pourquoi cette réserve ?
Parce que le long-métrage est assez complexe. On ne peut reprocher à une œuvre d’être bien travaillée, mais là on a l’impression que certaines choses nous échappent. La construction elle-même du film nous noie complètement. On nous présente trois époques, et on saute constamment de l’une à l’autre, sans parvenir à faire les liens. Et en faisant ainsi appelle à notre raison pour essayer de tout démêler, on ne se laisse pas assez porter par l’histoire et l’émotion qu’elle dégage. Tout est finement étudié, chaque plan, métaphore, mise en abîme, tout a un sens, même les couleurs qui se rapprochent toujours plus du blanc à mesure qu’on approche de la fin et de l’acceptation de la mort, mais ce sont autant de procédés qui finissent par nous perdre.
Ce film est travaillé avec la minutie d’un orfèvre. Darren Aronofsky nous livre alors un bijou tellement complexe qu’on se perd dans ses méandres et ses multiples facettes. C’est beau, brillant, mais tout en contemplant l’ensemble, on cherche à comprendre, à percer les secrets d’une pièce à tel point aboutie qu’elle créée une certaine distance avec l’observateur. Et c’est là mon reproche : l’ensemble n’est pas assez limpide, on finit par saisir où l’auteur a voulu en venir, mais au prix d’un effort qui nous aura empêché de pleinement profiter du reste, de la beauté et des émotions que l’œuvre dégage.
Finalement, The Fountain est exigeant. Un film mystique et spirituel, qui vaut davantage pour sa symbolique que pour sa véritable histoire. En saisir toutes les subtilités en un visionnage est assez ardu, mais son propos et son identité le rendent très intéressant à défaut d’être réellement accrocheur. En conséquence, j’avoue ne pas trop savoir comment le juger car il ne m’a finalement pas tant touché. Mais face au travail, au propos et à l’identité de The Fountain, je dis respect.