Au dela des auteurs et du réalisateur, le casting alléchant m'a bien tenté : Bill Murray, Owen Wilson, Christoph Waltz, Benicio Del Toro, Adrien Brody, Tilda Swinton, Frances McDormand, Edward Norton, Willem Dafoe, Mathieu Amalric, Cecile de France, Guillaume Galienne, Timothée Chalamet, Hippolyte Girardot, Lea Seydoux, Denis Menochet mais aussi Lyna Khoudri nouvelle étoile du cinéma français, prochainement sur tous vos écrans, et Benjamin Lavernhe qui a un rôle quasi de figuration, 4 secondes à l'écran, pas de texte, un seul plan, mais un Wes Anderson ça ne se refuse pas, même quand on est à la Comédie Française.
C'est complètement fou, ça parle de tout et de rien. C'est un film à sketch bien ficelé car les segments constituent une vraie entité cinématographique certes, mais surtout un journal, un journal papier qui s'appelle *The French Dispatch*, comme le titre du film du coup. Ce journal est tenu en France par des américains. Vous l'aurez remarqué le casting est americano-français et ça a pour conséquence une quasi bilingualité. Tout se passe dans la ville d'Ennui-sur-Blasé qui ressemble étrangement à un Paris fantasmé par les auteurs Wes Anderson, Jason Schwartzman, Hugo Guinness et Roman Coppola décidément obsédé par l'idée d'une capitale française réinventée. Chaque partie du film est la mise en images d'un article, narré par son auteur, dont on nous indique la rubrique, le titre et la pagination. Le concept est une vraie dinguerie, et il est inutile de vous préciser qu'il n'y a que Wes Anderson qui peut faire fonctionner ça et mettre en orbite autant de personnalité autour d'un seul et même film.
L'image est soignée autant que les dialogues, si ce n'est plus. On sent une obsession du cadre et du décor, ça fourmille de précision, ça domine le reste, et parfois l'étouffe au point de forcer le spectateur à déchiffrer une lecture au delà du scénario, et c'est souvent vain car Wes Anderson livre des œuvres surtout visuelles et esthétiques, mais c'est + qu'un effet de style, ou même une une signature : c'est une vision du monde.
La lenteur explicative dont il est maitre est ici un peu envahissante. J'ai trouvé le temps plus long que d'habitude, malgré des sujets très interessant comme la présence d'un artiste peintre en prison, ou les évènements de mai 68.
C'est un film à sketch ambitieux où l’image compte autant que les mots, qui aura surement le défaut des films à sketchs pour certains, à savoir l'inégalité des segments selon les goûts, mais qui a toutes les qualités de la caméra de Wes Anderson et de la plume de Roman Coppola.