The Funeral par Ezhaac

Road trip en corbillard avec une histoire d'amour nécrophile, le film avait par avance de sérieux arguments pour me charmer. C'est aussi la première fois qu'il m'est donné de regarder un film turc, et l'extrait qui lui sert de bande-annonce me vend un trip halluciné qui pourra s'avérer plaisant et onirique ou juste long et chiant.

Au final, le film n'est pas spécialement halluciné, mais l'exotisme turc fait son petit effet, et la proposition est très originale. En revanche, si je me fie aux commentaires de sortie de salle et à mes partenaires de festival, je suis le seul que le film n'a pas endormi, donc prenez mon avis avec plus de pincettes que d'habitude.

The Funeral est une relecture originale du film de vengeance dont il tord astucieusement la recette pour illustrer les thèmes sociaux qui lui tiennent à cœur. On se retrouve avec un duo de personnages atypiques : le chauffeur est une sorte de John Wick neurasthénique qui traine son spleen avec une certaine élégance, tandis que sa passagère évolue constamment, passant de poids mort à banshee vengeresse. D'abord assez passive, elle permet au film d’esquiver les clichés de sauveur dans lequel il aurait facilement pu tomber.

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Mais ce qui fonctionne le mieux à mon sens, outre la dynamique romantique et intensément sensuelle qui s'installe très tôt entre nos deux protagonistes, c'est le traitement du crime d'honneur, et plus généralement du féminicide, dont le film fait sa thématique principale.

Je dois bien avouer qu'il me manquait beaucoup de bagage culturel et que j'ai dû rattraper mes lacunes en sortie de séance. Mais je suis content que le film m'y ait motivé, et qu'il puisse ainsi mettre en lumière une pratique qu'on croirait tout droit sortie du Moyen Âge, et qui reste encore aujourd'hui largement impunie dans plusieurs pays du moyen et Proche-Orient, mais aussi en Amérique latine et dans les communautés musulmanes de nombreux pays européens.

Si vous comptez regarder le film, je vous invite à vous documenter un peu sur le sujet au préalable, pour être moins paumés que moi.