Si l'on avait - comme à peu près tout le monde - apprécié les deux premiers films de Guy Ritchie ("Lock, stock and two smoking barrels" et surtout "Snatch", avec une performance mémorable de Brad Pitt), il faut bien reconnaître que la suite de la carrière de l'ex- mari de Madonna avait dépassé en grotesque à peu près tout ce qui se fait dans le cinéma commercial anglo-saxon, plus ou moins au niveau d'un Emmerich ou d'un Bay. C'était donc avec circonspection que l'on décidait d'aller voir ce "The Gentlemen", retour annoncé aux origines. Et pourtant, deux heures plus tard, on sortait ravis de l'une de nos meilleures expériences en ce sinistre début 2020...


Car voilà à nouveau la conjonction réussie d'un scénario malin et complexe (un peu trop, sans doute, mais bon...) avec une direction d'acteurs aux petits oignons, et quelques astuces de narration post-modernes faisant le sel d'un bidule qui ne se prend jamais au sérieux. Soit, dans la catégorie divertissement grand public, une sorte de Rolls pour rester dans le domaine d'expertise des Britanniques pré-Brexit.


Le début est certes un peu lourd sur l'estomac, Ritchie choisissant de faire confiance à un narrateur pour nous raconter littéralement tout ce que nous devons savoir pour comprendre la suite : ça pourrait être insupportable, mais comme le narrateur est un Hugh Grant déchaîné qui trouve là ce qui restera probablement l'un de ses plus beaux rôles, comment faire la fine bouche ?


En choisissant, comme pour "Snatch", de laisser une grande partie de la violence hors champ et de se concentrer sur les machinations et les affrontements verbaux de ses criminels flamboyants, Ritchie fait clairement le bon choix, celui d'exciter les méninges et les zygomatiques de son spectateur plutôt que de flatter ses bas instincts, ce qui est quand même une forme d'honneur en notre époque d'exhibition forcenée.


Il vaut mieux ne rien raconter de l'intrigue de "The Gentlemen" pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte : nous nous contenterons de noter que McConaughey brille moins qu'à l'habitude, face à l'équipe locale (Farrell, Grant, Hunnam, Dockery), sans doute parce qu'il est moins à l'aise dans le registre si britannique de la distanciation non-sensique.


Il nous reste à espérer que Ritchie persiste dans cette veine... même si nous n'y croyons pas beaucoup.


[Critique écrite en 2020]

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le 10 févr. 2020

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