The Giant Claw s’ouvre tel un documentaire de propagande américaine célébrant la technologie de pointe dont dispose le pays, faite de radars, de sondes et d’écrans au service d’une armée de l’air professionnelle, pour mieux perturber cet éloge par l’irruption de l’inattendu, oiseau gigantesque emprunté à la légende de La Carcagne qui sème le chaos sur son passage. Aussi le film témoigne-t-il des préoccupations géopolitiques de son époque, marquée par la Guerre Froide et la Guerre du Vietnam qui, toutes les deux, suscitent une angoisse liée au ciel. La créature se ferait ainsi le symbole de cette force destructrice, menaçant d’abord les militaires puis les civils, avec l’attaque de l’Empire State Building, en hommage évident à King Kong. L’insistance progressive sur les cris poussés par l’animal, qui deviennent reconnaissables alors même qu’il demeure invisible à l’écran, conditionnent une montée de la tension dramatique, quoique celle-ci demeure restreinte compte tenu de la redondance des apparitions et de l’animation réduite de l’oiseau. La réalisation statique nuit également au suspense – sur ce point, nous préférerons, sur un thème similaire, le Rodan de Ishirō Honda sorti un an auparavant au Japon.