L'ECOLE DE LA CANNE D'OR
Un film indonésien, bien filmé, avec des scènes de kung fu bien chorégraphié, Le cinéma d'Indonésie n'a pas n'à rougir face au cinéma japonais, chinois ou Hong kongais.Ce film indonésien, est bien...
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le 13 juil. 2024
Lorsque The Raid de Gareth Evans est sorti, ça a eu l’effet d’une petite bombe, chez les amateurs de cinéma asiatiques bien entendu, mais également chez un public un peu plus vaste. Du coup, on a vu arriver dans la foulée d’autres films en provenance d’Indonésie étant donné que le pays a eu soudainement toute l’attention des amateurs de cinéma d’action. Bien qu’arrivant chez nous chez Spectrum Films directement en blu-ray, The Golden Cane Warrior a eu droit à une sortie cinéma dans certains pays occidentaux, c’est dire si The Raid et plus tard sa suite ont eu un impact dans l’industrie cinématographique. Mis en scène par Ifa Asfansyah, réalisateur acclamé par la critique pour son The Dancer en 2011, producteur de Siti ou de The Seen ans Unseen également sortis chez Spectrum Films, The Golden Cane Warrior est un film conçu comme un wu xia pian HK/chinois mais en transposant le genre dans la culture indonésienne, à commencer par un art martial bien de là-bas, le silat. bien que nous ne soyons pas ici en présence d’une œuvre majeure du cinéma indonésien, le film fait vraiment son office en proposant un bon divertissement.
Le scénario de The Golden Cane Warrior est bien mené, avec des moments dramatiques qui ne font pas forces, mais reste assez classique pour ce genre de film. On a droit à un maitre en arts martiaux qui va faire une passation de pouvoir à un de ses élèves, certains autres sont être jaloux, vont tuer leur maitre et faire accuser celui qui avait été désigné comme successeur. Les amateurs seront en terrain connu. L’ensemble est bien fichu mais peut-être un peu trop long, la durée de 1h51 n’étant pas réellement justifiée par rapport à ce que le film raconte. L’ensemble aurait facilement pu rentrer en 1h30, ce qui aurait fait gagner du rythme à cette histoire de vengeance et de trahison. Certains passages prennent trop de temps et n’ont pas besoin de durer aussi longtemps. Néanmoins, les personnages attachants, en particulier le jeune enfant, arrivent à faire passer la pilule de la longueur. Ce jeune enfant, interprété par Aria Kusumah, vole la vedette à tous les autres protagonistes dès qu’il est à l’écran. Bien que certains personnages souffrent d’une écriture un peu clichée, cela n’enlève rien au plaisir de suivre leurs péripéties et on s’implique rapidement dans leurs histoires, plus particulièrement l’héroïne et justement ce jeune disciple qui vont subir bien des revers à fur et à mesure que le ton assez sombre s’installe. Le scénario laisse une place importante aux personnages féminins forts, pas que dans les scènes dramatiques mais également dans les combats, nous renvoyant clairement à certains wu xia pian et kung fu pian made in Hong Kong de la fin 60’s / début 70’s (mais également de la première moitié des années 90) qui mettaient en avant des femmes combattantes.
Mais oubliez les wu xia pian souvent frénétiques de Hong Kong, le rythme est ici volontairement languissant par moments, presque hypnotisant, accentué par une bande originale faisant la part belle aux envolées lyriques. Il se dégage parfois du film un sentiment d’apaisement avec ces paysages absolument sublimes, aux couleurs chatoyantes notamment lors des couchers de soleil derrière les collines ondulantes de l’est de Sumba. On sent d’ailleurs une réelle recherche de l’esthétique dans les décors, mais aussi dans les combats qui sont vraiment soignés. Cela permet d’avoir de vrais beaux plans et même si le montage est souvent un peu trop rapide pour réellement pouvoir apprécier à leur juste valeur les chorégraphies, ils sont toujours très plaisants et on sent les acteurs impliqués. Reza Rahadian a par exemple suivi un entrainement physique et martial pendant 7 mois pour se préparer à son rôle dans le film. A l’exception du gamin, aucun acteur ne pratique les arts martiaux, ce qui rend encore plus hommage au travail du chorégraphe Hung Yan Yan que beaucoup connaissent comme le méchant du The Blade de Tsui Hark, mais qui a également pas mal œuvré au poste de chorégraphe (Coweb, Seven Swords). Lorsque le monteur décide de laisser les plans durer un peu plus, on se rend compte réellement que les chorégraphies sont vraiment bien et qu’il y a eu un joli travail de caméra, en particulier lors du long final impressionnant, bien nerveux, avec beaucoup d’attaques sèches et violentes. Mais malgré tout, les arts martiaux et les affrontements ne sont pas ici le point central du film. Bien entendu, cela permet de mettre le silambam (combat au bâton) sur le devant de la scène, mais le scénario préfère explorer des thèmes tels que la loyauté, la trahison, l’intégrité ou encore l’ambition à travers ses personnages et son casting. Deux de ces derniers, Christine Hakim et Aria Kusumah, ont d’ailleurs remporté des prix au Festival Film Indonesia.
Sorte de penchant indonésien du wu xia pian chinois, The Golden Cane Warrior compense sa relative lenteur par une superbe photographie, une bonne mise en scène, des thématiques bien traitées et un final plein de rage. Pas parfait non, mais ô combien attachant.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-golden-cane-warrior-de-ifa-asfansyah-2014/
Créée
le 22 août 2024
Critique lue 13 fois
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