Depuis le succès surprise de Taken en 2008, Hollywood et le public ont consacré la reconnaissance d'un nouveau sous-genre cinématographique : le Liam Neeson Movie.
Propulsé boss de l'action sur le tard, à l'âge de cinquante-six ans, Liam s'investit en effet corps et âme dans une suite de films en forme de nouveau filon qui, en temps normal, aurait sans doute fait le bonheur des fonds de catalogue de vidéoclubs ou du direct-to-dvd vite fait, vite oublié.
Taken en aura défini les principaux archétypes : un homme souvent père de famille irréprochable, au choix désespéré, en quête de vengeance ou embringué dans une conspiration qui le dépasse. Le Liam Neeson Movie aura accouché de quelques beaux bébés, ou de films souvent efficaces au high concept immédiatement accrocheur, tandis que l'acteur s'adonnait aux joies du bourre-pif libérateur.
Et alors que Liam n'est pas en train de rajeunir (soixante-huit ans au compteur aujourd'hui), le sous-genre tout dédié à sa gloire se porte plutôt bien, puisque The Good Criminal semble s'imposer comme le rejeton le plus récent de la lignée.
Sauf que pour celui-là, malgré la reprise de l'ensemble des gimmicks du Liam Neeson Movie, cela ne marche pas.
Parce qu'un Liam Neeson Movie réussi compte non seulement sur l'aura de sa star, oui, mais aussi sur un réalisateur sachant le mettre en valeur, et qui a déjà travaillé avec lui de préférence. Un gars comme Jaume Collet-Serra, quoi.
Or, The Good Criminal cache derrière sa caméra Mark Williams... Qui est loin d'être Jaume Collet-Serra, donc. Qui ne semble pas capable d'apporter la vista nécessaire afin de sortir d'une mise en scène fonctionnelle mais désespérément plate, incapable de dynamiser un script déjà assez bancal, commençant par ailleurs sur un postulat des plus improbables, enfonçant le poing dans l'orifice des limites de la bonté habituelle des personnages incarnés par Liam Neeson.
Un Liam Neeson Movie se distingue aussi par l'action qu'il met en scène ou, au moins, la tension de la situation dans laquelle le scénario emprisonne son personnage fétiche. Et là, force est de constater que cette action est des plus rachitiques, touchant du doigt la sincérité de l'acteur ou ses limites physiques. Car dans The Good Criminal, à part une petite course poursuite et une explosion, pas grand chose à l'horizon pour contenter le fan. Et on passera charitablement sous silence la seule empoignade du film, aussi puissante qu'une embrouille à l'heure du goûter Savane de Papy Brossard entre deux pensionnaires belliqueux de la maison de retraite des Oyats...
C'est triste à dire, mais Liam semble ne plus y être, tout simplement.
Mais il reste cependant le charisme de l'acteur, toujours aussi immédiat, ainsi que la volonté inexplicable de savoir comment il va punir, cette fois, la cause de son malheur et de sa colère. Et puis, le voir tenter de jouer au sugar daddy avec Kate Walsh a de quoi rassurer sur le charme du grand âge duquel le masqué commence à se rapprocher avec inquiétude.
Cela apparaîtra bien maigre à beaucoup d'entre vous, sans doute, surtout devant un tel catalogue de défauts. Le masqué sera, comme toujours, moins regardant sur la marchandise, en vous disant que c'est regardable, mais aussi vite vu qu'oublié et sauvé par la seule aura de sa star.
En tous cas, du côté moyen un peu moins sur l'échelle du Liam Neeson Movie...
Behind_the_Mask, qui veut rentrer avant l'extinction des feux de sa maison de retraite.