En 1945, les forces Alliées ont eu raison du nazisme. A l'été, Churchill, Truman et Staline se retrouvent à Potsdam, ville de la banlieue berlinoise, pour une conférence historique qui décidera du sort du monde de l'après-guerre.


C'est dans cette atmosphère tout à fait singulière, représentée par la ville de Berlin, que se joue la trame de ce film, qui tient du film historique, du drame et de l'enquête. Jake, journaliste militaire correspondant revient à Berlin et retrouve par hasard Lena, une mystérieuse Allemande, sa taupe pendant les années de guerre, maintenant la petite amie de Tully, son chauffeur tout à la fois ingénu et opportuniste. Tous se voient impliqués autour de la figure d'un certain Emil Brandt, recherché par les grandes puissances qui préparent sans plus ou moins le savoir le terrain pour des décennies de Guerre Froide.


Le film est un mélange osé mais réussi des genres, usant avec justesse des images d'époque et du noir et blanc, pour une ambiance rétro de film noir. Les images de clair obscur sont tout à fait significatives de Berlin, mise à nue par les bombardements et encore empreinte des horreurs des crimes nazis, le film s'empare avec tact du lourd contexte historique tout en le réenchantant. Elle est une ville à quitter par tous les moyens pour certains, une ville de tous les espoirs pour d'autres, ou encore une ville à laquelle on s'est habitué. Cette atmosphère calfeutrée participe aussi à une prise de distance avec le récit, accentuée par les voix de Jake ou Lena, en tant que narrateurs externes.


Le fond de la trame, une enquête sur un nazi Allemand recherché par Américains et Russes, permet une réflexion sur des éléments de portée philosophique comme la banalité du mal d'Hannah Arendt,


Emil Brandt étant qualifié de mathématicien seulement intéressé par l'efficacité et borné à atteindre la performance optimale de la main d’œuvre du camp Dora.


On pense bien sûr à la figure de Lena, personnage caméléon autour duquel tourne l'enquête, qui représente les tourments d'une femme Allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale, ses choix faits par survie, par conviction, par lassitude. Un film complexe, esthétique, plein d'esprit et d'humour.

Nuwanda_dps
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le 1 janv. 2022

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Emilie Rosier

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