The Grandmaster ou la nécessité de regarder en arrière pour avancer

Aujourd'hui j'ai découvert un film d'une grande finesse. Et du coup, cela à éveillé en moi quelques envies sinon des nécessités à écrire. Et je suis plutôt contente de vous proposer pour se faire, la critique d'un film que j'ai grandement appréciée.

Ce trait de philosophie à particulièrement fait échos chez moi, et j'ai été surprise de découvrir un film aussi juste sur bien des points. Que l'on concède ou pas, la justesse de ce propos philosophique, c'est l'incroyable équilibre entre le corps et l'esprit, qui est remarquable. Entre l'esthétisme et le scénario.
Soyons honnête, je n'avais jusqu'alors, aucune grande passion pour les films de Kung Fu, n'ayant vu que Tigre et Dragon et les Poignards volants. Et la culture chinoise (asiatique dans son ensemble) n'est parvenu à trouver sa place dans ma psyché étriquée d'occidentale que très récemment. Aussi peut être, n'ai je pas toutes les qualités requises pour juger d'un pareil film, mais je vais pour autant essayer.

Wong Kar-Wai réussi ici, un certain tour de force. Les personnages qu'ils nous proposent sont simples sans pour autant manquer de profondeur. On a une esquisse assez rapide de ce qu'ils sont, de leur vies, mais c'est léger, à titre indicatif. Ce qui les rends fort et qui nous intéresse, ce sont leurs rapport au Kung Fu, à la nécessité de cet art dans leur équilibre, dans leur mode de vie. C'est simple, mais redoutablement efficace. On se prend d'affection pour chacun d'eux, ils sont cohérents, ils sont fort et indépendant, le tout dilué avec juste assez de pathos pour étreindre le cœur. Le mien en tout cas.

Le scénario se tient, lui aussi, avec beaucoup de simplicité, des rebondissements non pas affolants ou plein de surprise. Non en fait, c'est une véritable force tranquille. Le tout est amené pour que nous puissions l'apprécier. Je ne pense pas que son but fut de nous surprendre par une quelconque originalité, mais plutôt de nous montrer à quel point ses personnages sont tous puissants à un moment donné, qu'ils ont tous leur façon de penser, de voir et de vivre le monde. Ils s'entrelacent et se croisent, chacun étant sur la route d'un autre apportant une construction souple, évidente et puissante.

Et visuellement, c'est une fresque. Les plans se succèdent avec beaucoup de profondeur, passé, présent n'ont plus réellement d'importance, ni même de valeur. A l'instar de la vie même d'un des principaux personnage qui voit sa vie passé du printemps à l'hiver. La cohérence ici cède volontiers sa place à la poésie, à la beauté. A la fragilité des saisons, aux émotions qui vivent et palpitent. Wong Kar-Wai nous offre des plans à l'esthétique léchée et profonde, des choix de saisons ou d'intempéries très fort avec la neige sur fleurs de pruniers, la pluie sur les branches. La tranquillité, la puissance et l'omniprésence de la nature et son cours inlassable. L'inéluctabilité de la vie et de la façon dont nous souhaitons l'appréhender.

Je recommande plus que vivement ce film, qui malgré sa puissance en scène de combat, est à mon sens, une ode à la paix, à la tranquillité du corps et à la quiétude de l'esprit. Je n'ai même pas besoin de parler des acteurs tant ils incarnent parfaitement l'esprit du film à mes yeux.