The Gray Man met en scène Ryan Gosling et Ana de Armas dans un divertissement sans prise de tête très loin de concurrencer James Bond, Mission Impossible ou Jason Bourne…
Dans une prison en Floride, Court Gentry, un détenu qui a pris pour perpète reçoit la visite d’un agent travaillant pour le gouvernement. Il lui propose un marché : sortir de tôle en échange d’un contrat à vie avec une agence secrète, Sierra. Quelques années plus tard, le voilà à Cuba avec pour mission d’éliminer un ancien collègue Sierra recruté de la même façon. Évidemment, il comprend qu’il a lui aussi une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
The Gray Man, le long métrage le plus cher jamais produit par Netflix, se paye une belle tête d’affiche : Ryan Gosling dans le rôle-titre, puis Ana de Armas (Mourir peut attendre, Blade Runner 2049) et Chris « Captain America » Evans, tous deux vus dans le génial À couteaux tirés. Mais la comparaison avec le thriller jubilatoire de Ryan Johnson s’arrête là : dès les premières minutes, le film d’Anthony et Joe Russo (Captain America et Avengers 2 et 3…) accumule les clichés du genre. Nom du lieu et date qui s’affichent en gros à chaque changement de décor, pitch à base d’agence gouvernementale aux méthodes pas très légales, clef USB qui sert de McGuffin, méchant sadique, rien ne manque.
La bande sonore est au diapason avec des ambiances de suspens insipides. Seule la musique de supermarché de la scène d’ouverture laisse présager un potentiel second degré… en vain. Le film se prend beaucoup trop au sérieux, et les rares tentatives de faire un trait d’humour tombent souvent à plat faute de créer suffisamment de décalage. Pendant la première demi-heure du film, on somnole face à des séquences d’action vues et revues : il a bien une scène de combat en avion qui semble prometteuse, mais elle se termine pile au moment où ça commence à devenir intéressant !
Il faut attendre une séquence de flashback pour réveiller un peu l’attention du spectateur : l’agent Six (007 était déjà pris…) se découvre quelqu’un à protéger. À partir de là, le film a enfin les enjeux nécessaires pour créer un tant soit peu de suspens. Mais il échoue ensuite à créer de l’empathie, faute de développement suffisant des personnages, qu’on regarde placidement frôler la mort. La scène du climax sous le soleil couchant, se voulant magistrale, ne provoque aucune émotion.
Il y a une chose qu’on ne peut pas reprocher à Gray Man : sa lisibilité. L’intrigue et les combats se laissent suivre sans qu’on ait l’impression de ne rien comprendre. Finalement, la seule originalité du film tient dans une spectaculaire course-poursuite en tram, rarement vue, qui justifiera de faire avance rapide sur Netflix avant de zapper sur autre chose, mais certainement pas de se déplacer en salles. Que donc Ryan Gosling est-il allé faire dans cette série B à gros budget ?