C'est fou comme ce film est passé inaperçu alors que le précédent projet de Peter Farrelly lui avait valu de sacrés prix et surtout parce que ce film-ci est encore mieux.


L'on s'attend à une comédie bien grasse au vu du titre et du projet, mais Farrelly veut vraiment nous parler de la guerre. Et il le fait intelligemment, en opposant plusieurs discours, pour bien montrer que c'est délicat, que c'est un sujet complexe, entre l'envie de soutenir les soldats qui doivent se battre et les idéologies politiques derrière tout ça. Le film aurait été parfait si en prime l'auteur avait pu aborder le fait que les soldats peuvent en plus avoir un comportement odieux, mais c'est déjà assez riche, alors on ne va pas trop lui en tenir rigueur surtout qu'il a au moins la délicatesse de ne pas lisser les soldats (ils font ce qu'on leur dit de faire, l'auteur ne creuse pas plus loin, ça permet d'y transposer librement toute forme d'interprétation de la part du spectateur). L'on appréciera aussi la remise en question du héros : il n'y a pas vraiment d'acte noble, réellement valorisé dans ce film, et même lorsque le personnage principal retrouve un copain pour lui donner une bière, il n'est jamais acclamé, au contraire.


La force de Farrelly, c'est sans doute de savoir parler du commun des mortels, c'est-à-dire d'une personne pas forcément fûtée. Et la comédie repose là-dessus mais délivre en même temps un message fort sur le manque d'information/la désinformation. Et donc on se tape en début de film des conversations surréalistes entre des jeunes restés au pays, qui ne comprennent rien mais qui croient comprendre. C'est drôle, c'est beau, c'est fort. Tout le déroulement repose sur des malentendus, un mauvais traitement des informations, comme pour renforcer le thème principal. Les dialogues sont bien écrits, honnêtes, sincères, drôles, émouvants. J'ai pleuré comme j'avais rarement pleuré à la fin du film et ça aussi c'est une surprise. Le personnage principal révèle ses faiblesses, l'auteur n'est pas tendre avec lui même si on sent qu'il s'est pris d'affection.


Zac est sublime dans ces rôles d'hommes ratés, brisés, tristes, dépressifs. Il était splendide dans son film de catch "Iron Claws", il l'est tout autant ici, sans la mécanique du corps, mais avec beaucoup de sensibilité bien mise en avant. Les autres acteurs se débrouillent bien, on retrouve même Bill Murray dans un tout petit rôle assez fort, et puis un Russel Crowe en mode automatique mais dont le charisme permet d'entraîner et le spectateur et Zac Efron/Chickie. Le découpage n'est pas parfait, on sent que certaines séquences manquent d'ambition visuelle, d'idées plus épiques ou d'une immersion plus forte ; malgré tout Farrelly délivre un bel emballage, une action et des intentions lisibles, une belle mise en valeur des acteurs et des effets spéciaux réussis qui ont dû coûter cher (d'où le retour à la comédie pour le film suivant ? je doute que ce film ait rapporté autant qu'il aurait dû, j'espère donc que "Ricky Stanicky" rapportera assez aux studios pour que Farrelly puisse refaire un projet coup de poing comme celui-ci). Les décors jouent en faveur du film ; la BO est bien dosée, jamais trop envahissante, mais appuyant là où il faut appuyer.


Bref, très bon film.

Fatpooper
8
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le 12 juin 2024

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Fatpooper

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